Benoît Thomé, Président d’Animal Cross – Michel Vandenbosch, Président de l’association Gaia – Milton Federici, Responsable des affaires publiques de l’association CAP
L’association Gaia
Fondée en Belgique en 1992 par Michel Vandenbosch et Ann De Greef, Gaia est une association généraliste qui a su gagner un public très large, comptant jusqu’à 80 000 donateurs, tout en restant contestataire.
Il a fallu 30 ans pour parvenir à l’interdiction de l’abattage sans étourdissement. Alors que tout le monde déconseillait à l’association belge d’éviter cette démarche, qualifiant la cause de « perdue d’avance », Gaia a révélé au grand public l’extrême souffrance des animaux abattus à vif. En 2012, une manifestation rassemblant 10 000 personnes avait lieu à Bruxelles, ce qui équivaut à une manifestation de 60 000 personnes en France. La mise en place des ministères dédiés à la condition animale en Wallonie et en Flandre a conduit à l’obtention de votes favorables, toutefois non observés à Bruxelles, troisième région belge. En 2020, les associations musulmanes et juives ont contesté le texte voté devant la Cour de justice de l’Union européenne, et en 2024 devant la Cour européenne des droits de l’homme, sans succès. Cela a confirmé que l’étourdissement avant le saignement des animaux ne s’opposait pas au droit fondamental de la liberté religieuse.
Michel Vandenbosch nous a fait cette étonnante confidence : peut-être sa plus grande victoire. Cela s’est déroulé le jour où, après son intervention dans un abattoir pour dénoncer l’abattage des moutons sans étourdissement, lieu dans lequel les ovins souffraient atrocement, un jeune musulman est venu vers lui. Il lui a serré la main, exprimé sa gratitude pour son travail et lui a confié : « Je prie pour vous tous les jours ». Ce jeune homme avait véritablement saisi le slogan de Gaia : « Oui au bien-être animal, non au racisme ». Dénoncer l’abattage rituel n’est pas stigmatiser les croyances d’une population, mais protéger les animaux. Michel nous a dit « nous n’avons pas d’adversaires ».
L’association Bont voor Dieren (Fur Free Alliance) en Hollande
Sandra Schoenmaker coordonne avec d’autres associations une alliance « Europe sans fourrure » pour faire cesser la production et le commerce de fourrure animal en Europe. Les associations membres de la « Fur Free Alliance » ont porté une initiative commune européenne qui a obtenu le nombre suffisant de signatures. Elles sont actuellement en discussion avec la Commission européenne pour élaborer un texte sur la question. L’approche européenne est cruciale sur ce sujet, car même avec la fermeture des élevages d’animaux à fourrure (en novembre 2021, la France a adopté une loi contre la maltraitance animale, interdisant ainsi les élevages d’animaux à fourrure), cela n’empêche pas la commercialisation des vêtements avec de la fourrure, comme toutes les capuches des vestes d’hiver.
En discutant avec Sandra et d’autres collègues associatifs, nous avons examiné la stratégie que devrait adopter Animal Cross à l’échelle européenne. Cela implique de comparer la législation française à celle d’autres pays européens concernant l’euthanasie de convenance, étant donné que cette pratique est plus réglementée ailleurs. Nous envisageons également de collaborer avec l’association Eurogroup sur le projet de texte de la Commission européenne portant sur l’élevage des chiens, en particulier sur la question cruciale des animaux hypertypes.