Un comportement violent atteint ce et ceux qui l’entourent, d’autant plus aisément et gravement qu’ils sont vulnérables. Organisé par une équipe scientifique pluridisciplinaire en collaboration avec Nantes Université, un colloque sur le thème de la corrélation entre violences sur les personnes vulnérables et violences sur les animaux s’est tenu à le 17 mars à Paris.

Co-parrainé par le sénateur Arnaud Bazin et le député européen François Xavier Bellamy, ce colloque nous a permis de faire le lien entre maltraitance des enfants, violence domestique, maltraitance des personnes âgées, et maltraitance des animaux.

Extrait de la présentation de Philip D. Jaffé (Pr à l’Université de genève, Vice -président du Comité des droits de l’enfant à l’ONU :

  • 62 à 76 % des occasions de cruauté envers un animal domestique se déroulent à la maison en présence d’enfants (Faver ! Strand, 2003)
  • les enfants exposés à la violence domestique sont 3 à 6 fois plus à risque de faire  preuve de cruauté envers les animaux (Currie, 2006)
  • les actes de cruauté par des enfants sur des animaux sont parmi les indicateurs les plus précoces et les plus forts d’un trouble des conduites (Ascione, 2001)
  • être témoin d’un acte de cruauté envers un animal est chez l’enfant l’un des prédicteurs les plus forts et stables de violence future, l’enfant témoin étant 8 fois plus à risque de devenir auteur de violence (DeGue § DiLillo, 2009)
  • 50% des enfants qui ont commis des tueries en milieu scolaire ont une histoire de cruauté envers les animaux (Verlinden, Herson & Thomas, 2000)
  • 63% des criminels violents ont infligé durant leur enfance des blessures intentionnelles à des animaux (Schiff, Louw & Ascione, 1999)
  • entre 30 et 50% des abuseurs  sexuels d’enfants ont commis des actes d’abus sur animaux durant leur enfance et leur adolescence (Tingle, Barnard et al., 1986)
  • 32% des femmes  victimes de violence domestique rapportent que leurs enfants ont blessé ou tué des animaux (Ascione, 1998)

Par ailleurs, une étude en milieu scolaire, dénommée “Blitz”, réalisée sur 12300 élèves scolarisés en Isère, révèle le lien entre violence envers les animaux et auteurs de violence (L. Bègue (2022) : Journal of interpersonal violence) :

  • 7,5% des enfants ont commis des maltraitances sur des animaux (essentiellement des garçons)
  • 15% des élèves qui ont maltraité un animal l’ont fait plus d’une fois et 41% plus de 2 fois.
  • 55% d’entre eux l’ont fait seul.

Victimes :

  • chats : 22,5%
  • chiens : 13,9%
  • oiseaux : 11,6%
  • rongeurs : 8,2%
  • poissons : 6,4%

Comment agir si l’on est un particulier témoin de violences ?

Pour les animaux :

Nous rappelons que pour tout acte de maltraitance animale dont vous pouvez être témoin, il est essentiel de réagir, en prenant contact vous-même avec la famille dans un premier temps afin de vous assurer qu’il existe bien un problème puis en contactant une association de protection animale qui pourra intervenir.

Pour les enfants :

Lorsque des enfants sont présents au sein du foyer maltraitant ou bien si vous constatez une maltraitance animale perpétrée par un enfant, il vous faut contacter le CRIP de votre département. La Cellule de Recueil et de traitement des Informations Préoccupantes (CRIP) a pour rôle de traiter ces Informations Préoccupantes (IP) en évaluant la situation pour déclencher ensuite des mesures de protection et, selon la gravité, transmettre un signalement auprès du Procureur de la République. Vous pouvez trouver leur adresse ici. Vous pouvez également composer le 119.

Pour les femmes :

Les femmes victimes de violence peuvent évidemment porter plainte mais elles peuvent également composer le 3919. Ce numéro garantit l’anonymat. Il peut également être utilisé par le témoin.

Il est important de comprendre que les femmes victimes de violence dans leur foyer choisissent souvent de ne pas partir du fait de la présence de leur animal qu’elles ne souhaitent pas laisser seul avec le conjoint violent.

Qu’en est-il des vétérinaires ?

Aujourd’hui, grâce à la loi visant à lutter contre la maltraitance et conforter le lien entre les animaux et les hommes du 30 novembre 2021, le rôle du vétérinaire comme sentinelle et garant du bien-être des animaux a été renforcé. Le Code pénal a été modifié pour lui permettre de lever son secret professionnel auprès du procureur de la République. Les recours sont désormais le signalement à la DDPP (obligatoire même lors de simple suspicion – Article L. 203-6 du CRPM), et le signalement au procureur (article L. 226-14 du Code pénal).

L’association contre la maltraitance animale et humaine (AMAH) a mis en ligne sur son site amah-asso.org un formulaire de signalement et une fiche pratique. Cliquez ici.