E. Macron a publié le 31 juillet la Stratégie Nationale Biodiversité 2030. Mais qu’en est-il de la libre évolution dans ce plan ?

 

Une définition de la protection forte sans ambition

 

Soyons clairs. La libre évolution de la nature telle que nous la concevons, c’est à dire sans intervention humaine hormis les ballades et les études scientifiques ne trouve pas sa place dans ce plan. La notion qui est la plus proche de la libre évolution est la “protection forte” qui est ainsi évoquée :

“Conformément au décret du 12 février 2022 définissant les critères de la protection forte, l’effectivité de la protection forte sera assurée dans ces zones en limitant fortement, voire en supprimant, les pressions engendrées par les activités humaines sur les enjeux écologiques d’importance des zones considérées. Ces activités seront définies au cas par cas en fonction de la réalité de chaque territoire.”

La question est bien sûr : qu’est-ce qu’un enjeu écologique d’importance ? On va voir que la chasse, la pêche, l’agriculture et le pâturage peuvent sans problème faire partie des aires de protection forte.

Une nouvelle labellisation d’une partie des aires protégées, qui fait monter artificiellement le chiffre de la protection forte

 

Le ministère acte “la reconnaissance « automatique » comme zone de protection forte de certains outils dès leur création (par exemple à terre : les cœurs de parcs nationaux, les réserves naturelles, les réserves biologiques et les arrêtés de protection) .”
Vous le savez hélas, dans les cœurs de parcs nationaux, les réserves naturelles, les réserves biologiques et les arrêtés de protection, la chasse et la pêche sont le plus souvent autorisées ! Même chose pour l’agriculture, parfois avec pesticides, ou encore le pâturage d’animaux dont les excréments contiennent des subsances chimiques comme les antibiotiques qui impactent la microflore et les insectes.

Il valide aussi “la reconnaissance en protection forte, après examen au cas par cas, d’espaces en forêts domaniales et forêts de protection.”(…) “70 000 ha de forêts seront mises en protection forte en métropole dont 50 000 ha de forêts domaniales métropolitaines (soit 10% de forêts domaniales sous protection forte en métropole, chiffre désormais atteint, à travers la création de nouvelles réserves biologiques mais aussi le déploiement de la reconnaissance en protection forte après examen au cas par cas d’espaces terrestres notamment en forêts domaniales et forêts de protection.”

Ici il ne s’agit en fait que de changer des espaces de catégorie. La nature et les animaux ne s’apercevront sans doute de rien !

 

Et des espoirs de progrès avec une meilleure protection de certaines aires existantes et la création de nouvelles aires de protection forte

 

Par ailleurs, le ministère s’engage sur :

  • “l’extension, après concertation et analyse multicritère au cas par cas de certaines règles de protection au sein d’aires protégées existantes” : il faut s’attendre à une hausse de la protection de certaines aires protégées, c’est un point à surveiller.
  • “la création de nouvelles aires protégées”. Il parle de 450 nouvelles aires protégées (qui ne seront pas toutes en protection forte). C’est là que se portera principalement notre action en multipliant les démarches pour les encourager.
  • “la construction d’ un plan de protection des forêts subnaturelles”,  ce qui est une bonne chose évidemment !