La Fondation 30 millions d’amis, les associations MFP Mission Française de Protection pour Singes en Danger, Animal Cross et EHBAC vont rencontrer les services de la préfecture afin de proposer une solution pour sauver les 2 petits macaques restants à Labenne (voir notre article). Nous vous tiendrons informés de la réponse donnée par la préfecture des Landes.

Discours prononcé par Animal Cross lors de la marche organisé en mémoire des 163 macaques euthanasiés le dimanche 28 mai à Labenne dans les Landes : 

Chers soeurs, chers frères macaques.

C’est avec tristesse et consternation que nous avons appris votre disparition vendredi dernier. 163 d’entre vous ont trouvé la mort, euthanasiés.

Nous voulons aujourd’hui vous saluer et vous rendre hommage. Nous voulons vous demander pardon aussi. Pardon pour le mauvais comportement des humains.

En avril 2016, ce parc animalier avait été placé en liquidation judiciaire en raison de graves dysfonctionnements préjudiciables à votre santé :

Vous manquiez tellement d’espace que vous deveniez agressifs,

Sans installation adaptée, vous aviez froid l’hiver,

Vous manquiez de soins, il n’y avait pas de prévention des maladies, pas de contrôle des naissances…

En janvier 2017, des analyses ont révélé que la majorité d’entre vous étaient porteurs de l’herpès virus B (MaHV1), dangereux pour les êtres humains.

C’est cet argument qui a été utilisé pour justifier votre euthanasie.

Alors comment en est-on arrivé là ?

Au-delà des manquements de la pinède des singes, posons-nous les vraies questions.

1/Car dans la nature, presque tous les macaques sont infectés par ce virus qui n’est pas mortel pour eux et qui, la plupart du temps, ne provoque pas de symptômes.

La première question à se poser est la suivante : les singes ont-ils subi un test de dépistage du virus avant d’être introduits dans le parc animalier ?

Si le dépistage n’a pas été effectué, cela signifie que la contamination des animaux est le résultat d’une faute grave. Si le dépistage a été effectué, il faut s’interroger sur le test utilisé  et sur les causes de l’apparition de la maladie.

Chez les macaques, ce virus est souvent latent. Il peut se réactiver sous l’effet de stress nerveux ou infectieux, sans pour autant que des symptômes apparaissent.

Dire que, par précaution, on va tuer tous les singes, alors que, dès le départ, on s’est conduit de la manière la plus négligente qui soit, est une trahison des humains.

2/Seconde question : combien d’animaux étaient infectés et depuis quand ? Cette information est importante, car les traitements sont plus efficaces au début de l’infection et il est possible de séparer les animaux malades des animaux sains, en particulier des jeunes, qui sont rarement infectés.
Or aucune précision n’est donnée, ce qui pourrait donner le sentiment que la maladie, diagnostiquée il y a quelques mois, est un prétexte pour se débarrasser de ces animaux encombrants.

3/ À supposer que ces macaques étaient tous infectés, étaient-ils pour autant dangereux et était-il urgent de les tuer ?
Une décision préfectorale d’euthanasie des animaux et son application immédiate et quasi secrète est inacceptable.

4/ Pourquoi une seule personne, le préfet, a-t-il l’autorité pour décider de la mort d’êtres vivants ? Il est injuste et aberrant qu’une seule personne ait le pouvoir de décider du sort d’animaux.

La réalité est que les humains, du début à la fin, se sont mal comportés, que ce soit avant l’arrivée des animaux à la Pinède des singes, lorsqu’ils étaient là, ou après. Personne ne s’est conduit de manière prudente et respectueuse. Le résultat est catastrophique. Pour éliminer le problème et cacher ses erreurs, on a éliminé les macaques.

Aucune association n’a été prévenue avant l’euthanasie des macaques. Qui dit qu’il n’y avait rien à faire pour sauver les singes, ou même pour en sauver quelques-uns ? Deux fondations ( B. Bardot et 30 millions d’amis) avaient proposé leur aide en avril 2016.

Pourquoi ne pas avoir débattu, pourquoi ne pas avoir demandé l’aide d’experts avant de déboucher sur un tel scandale ?

Hélas, les affaires se répètent. On se souvient des bouquetins du Bargy, abattus par centaines parce que certains avaient la brucellose, et aux milliers de canards gazés cet hiver.

Exigeons que les documents sur lesquels le préfet s’est appuyé pour fonder sa décision soient rendus publics.
Quelle est la teneur du rapport qui lui a été transmis ? La traçabilité et la transparence sont essentielles dans le cas de décisions aussi graves. On ne sait même pas comment a été pratiquée l’euthanasie ! Des prélèvements ont-ils été conservés pour tous les animaux afin qu’une contre-expertise puisse être réalisée ?

Tuer n’est pas une bonne réponse. Changeons et organisons-nous pour que cessent ces holocaustes animaux.