Les lecteurs avertis auront peut-être découvert l’ouvrage de Maëva Gallimard qui est la référence juridique des zoophiles. Nous vous donnons ici notre avis sur cet ouvrage.

Si l’animal est un être sensible depuis 1976 dans le code rural et 2015 dans le code civil, il est certain que Maëva Gallimard ne l’a pas rencontré. Son mémoire de master II publié dans l’ouvrage « L’incrimination de zoophilie » est un raisonnement théorique et froid qui ne rencontre jamais la réalité des animaux violés et agressés sexuellement par les êtres humains.

Depuis 2004, la loi prévoit de réprimer les sévices de nature sexuelle sur les animaux à l’article 521-1 du Code pénal. En 2007 la cour de cassation a jugé qu’en cas de pénétration de l’animal il n’était pas nécessaire de rechercher les conditions de violence. La pénétration seule suffit pour retenir l’incrimination de sévices sexuels sur les animaux. Cette décision, Mme Gallimard ne peut pas l’accepter, jugeant la décision de la cour contra legem, c’est-à-dire contre la loi, au motif que la loi pénale est d’application stricte. Les juges auraient donc oublié le droit. Dès lors, puisque leur décision ne serait pas motivée par le droit, M. Gallimard imagine qu’ils ont fondé leur décision sur des bases morales. Les intégristes de tout poil seraient de retour avec tout leur obscurantisme moyenâgeux. Elle l’imagine, car rien dans la décision des juges ne permet de le dire. Elle aurait tout aussi bien pu dire que les juges cherchaient à protéger les animaux.

 De là, 124 pages qui tournent et retournent les mêmes idées dans tous les sens, dans un exercice rhétorique, sans doute très sophistiqué d’un point vue formel mais bien peu abouti sur le fond.

L’auteur aurait pu voir dans la décision de la Cour de cassation l’idée que la violence est contenue dans toute pénétration sexuelle des animaux. Curieusement, elle ne cite pas l’étude de référence du vétérinaire Munro qui, en 2004, établit que 6% des actes de violence sur les animaux en consultation vétérinaire sont d’origine sexuelle au Royaume-Uni. Ce vétérinaire dresse une liste accablante des atteintes des animaux… Dans la foulée, M. Gallimard aurait pu rappeler qu’il y a un consensus unanime de la part de l’ensemble de la profession vétérinaire, au niveau français et européen, pour affirmer que toutes les pratiques sexuelles avec les animaux doivent être considérées comme des abus sexuels et donc comme des maltraitances animales.

Elle aurait pu analyser cette décision à l’aune de la définition du viol pour l’être humain qui est une atteinte sexuelle avec pénétration commise avec violence, contrainte, menace ou surprise. Contrainte, menace ou surprise sont donc des conditions suffisantes pour établir le viol chez l’être humain.

Elle aurait pu faire une analyse anatomique pour savoir si le fait d’être pénétré par le sexe d’un homme est une partie de plaisir pour un chien. 

Elle aurait pu réfléchir au fait qu’un animal de compagnie, et plus particulièrement un chien, peut être dressé pour être l’esclave sexuel de son détenteur. A force d’exercices, de privation ou d’encouragement, un chien peut être perverti au point de penser que son maître attend de lui d’être un objet sexuel. La violence est aussi psychique. Et il y a toujours à plus ou moins long terme des conséquences psychologiques qui sont de différents ordres. Le chien peut devenir anxieux avec une sensibilité exacerbée et difficile à corriger.

Elle aurait pu citer la décision de cours de cassation de 2017 (n° 16-85.637) qui oppose l’homosexualité, qui est une orientation sexuelle, et la zoophilie « qui constitue pour la psychiatrie un trouble de l’objet sexuel ».

La pauvreté du fond se retrouve aussi dans les cas de zoophilie présentés. 5 cas seulement ont droit à la considération de Mme Gallimard. Elle les cite dans une courte partie où elle voit dans l’absence de sanction de prison, le fait que le juge a voulu minimiser ces actes. Peu familière des peines données par les tribunaux, elle ne sait sans doute pas que la prison n’est quasiment jamais retenue dans des cas similaires d’actes de cruauté sur les animaux. A l’inverse, elle cite abondamment Marcela Iacub connue pour son intérêt pour la pornographie animale.

Nous avons discuté avec Mme Gallimard qui rédige actuellement une thèse sur la question de la maltraitance. C’est une personne ouverte d’esprit et modérée, mais très naïve. Elle pense que son mémoire est équilibré, nous ne sommes pas de cet avis. C’est pour cela que les zoophiles du site Animalzoofrance ont pu s’engouffrer dans les brèches de son ouvrage et qu’elle est devenue, à son corps défendant, peut-être, leur justification juridique. Elle avait la possibilité de se désolidariser des zoophiles, pour réexpliquer ses idées, elle a choisi de ne pas le faire. Cela souligne son ambiguïté.

A la fin, Mme Gallimard et nous-mêmes nous rejoignons sur l’idée qu’il faudrait dépasser la notion de « sévices sexuels » sur les animaux pour une définition n’impliquant pas la notion de violence ou de maltraitance. C’est pour cela qu’avec la Fondation Brigitte Bardot, nous proposons de sanctionner les actes à caractère sexuel avec ou envers un animal appelées aussi atteintes sur les animaux.