Avec l’essor de l’écologie responsable, les poules de réforme ont le « vent en poupe ». Elles sortent d’élevage et sont adoptées par des particuliers pour diverses raisons : leur éviter l’abattoir, avoir des œufs, donner les déchets organiques issus de la cuisine, etc. Si certains adoptants souhaitent leur offrir une seconde vie qui soit en adéquation avec leur espèce, d’autres les considèrent comme des poubelles de table productrices d’œufs. Et pourtant, la poule est un animal extrêmement sensible et très intelligent avec des capacités cognitives proches du chien et du chat. Elle a besoin d’être traitée comme un animal domestique et nécessite une attention toute particulière, et c’est encore plus vrai pour les poules de réforme. La laisser dans son parc et y aller juste pour récupérer des œufs et nettoyer le poulailler sont loin d’être suffisant.
Une adoption en conformité/respect avec l’être/poule nécessite plusieurs étapes :
1) Elles arrivent chez vous amaigries, épuisées, anémiées et souvent blessées. Lorsque vous récupérez ces poules, quelques actions sont de mise immédiatement afin de pouvoir les remettre en forme :
- la peser (il faut savoir qu’une poule pondeuse doit peser entre 2kg et 2,5kg). Notez leur poids pour pouvoir surveiller l’évolution de leur forme et prévenir toute maladie.
- le jour même (ou le lendemain si elles sont trop stressées), leur donner le vermifuge Teniverm en fonction de leur poids afin de tuer tous les parasites internes. Il ne faudra pas consommer les œufs pendant les 7 jours qui suivent mais vous pourrez leur donner pour les aider à se remettre en forme. Ne donnez pas des vermifuges dans l’eau ou dans la nourriture car il est impossible de savoir si elles en consomment la dose nécessaire.
- vérifiez sur tout leur corps et leurs pattes qu’il n’y a pas de blessures. La couleur de leurs yeux donne un indicateur de carences et l’état de la crête renseigne également sur leur possible anémie.
Poule tout juste sortie de l’élevage.
2) Puis, déposez-les très délicatement dans leur parc. Elles ont besoin d’environ 10 à 20 m2 par poule. Cet espace est nécessaire pour éviter toute tension entre elles (le piquage entre elles peut venir d’un manque d’espace), et pour éviter que le parc ne se transforme en boue.
Le parc doit contenir des arbres et des buissons pour qu’elles puissent se mettre à l’abri du soleil, de la pluie et des prédateurs. Elles adorent pouvoir se percher. Si les végétaux ne leur permettent pas, vous pouvez en fabriquer ou en acheter un ou plusieurs (suivant le nombre de poules que vous avez).
Le poulailler doit être en parpaing ou en bois et non en plastique, car malgré ce qu’il se dit, une poule craint le froid et la chaleur. Afin d’éviter les poux rouges et autres parasites, vous pouvez peindre l’intérieur avec du blanc arboricole ou de la chaux une fois par an. Pour leur litière, qui doit être nettoyée tous les jours, préférez une litière avec un mélange de paille et de chanvre.
Prévoyez un bac de sable fin, elles adorent faire des bains de sable pour nettoyer leur plumage.
En hiver, la poule va commencer à souffrir du froid dès lors que la température descend en dessous de 8 degrés. Leur donner juste des graines ne suffit pas, elles ont besoin de protéines pour lutter contre le froid (œufs, sardines, rillettes, vers de farine, steak haché, etc.). Elles sont extrêmement sensibles des poumons. Vous pouvez mettre une litière plus importante pour qu’elles puissent se couvrir. Attention à ce que leur litière soit toujours sèche. Pour leur repas, il est conseillé d’y mettre de l’eau tiède ou de la tisane de thym avec un peu de miel s’il fait très froid. Puis, vous pouvez déposer dans leur poulailler des bouillottes ou un système de chauffage sans lumière (une poule a besoin d’être dans le noir pour dormir). Attention à ce qu’il ne fasse pas non plus trop chaud, environ 14/15 degrés est idéal. Surélevez le poulailler pour qu’il ne soit pas à même la terre (afin d’éviter que le froid ne remonte). Vous pouvez aussi mettre une couverture de survie autour et sur le toit du poulailler pour mieux l’isoler. Surveillez leurs poumons (comme expliqué plus bas).
Il est primordial de faire très attention au vent. En cas de vents puissants, rentrez vos poules dans une pièce prévue pour elle chez vous ou attachez très solidement le poulailler au sol. Combien d’histoires avons-nous pu lire ou voir de poulailler déplacé, retourné et/ou brisé par le vent avec les poules dedans tuées par le choc.
En été, surveillez-les de près car elles sont dans l’incapacité de refroidir leur corps efficacement. Quand elles ont le bec ouvert, elles souffrent de la chaleur et peuvent déclencher des problèmes cardiaques. Dans ces cas-là, rentrez les poules qui souffrent au frais ou mouillez leurs pattes avec de l’eau fraîche. Vous pouvez aussi arroser le sol de leur parc pour le rafraîchir. Attention à la température dans le poulailler ! Veillez aussi, à ne pas leur laisser les fesses souillées, les mouches vertes peuvent venir y pondre. Quand elles deviennent des larves, elles transpercent la peau et se nourrissent des organes de la poule. Si le poulailler présente des mouches, ne vaporisez jamais d’insecticide dedans car les poules vont manger les mouches mortes au sol. Ces dernières peuvent contenir des larves qui n’auront pas été tuées par l’insecticide. Ces larves vont ensuite dévorer la poule de l’intérieur et c’est la mort assurée.
Quand elles arrivent chez vous, elles sont âgées d’un an et demi à deux ans. Il faut savoir qu’une poule sortie d’un élevage aura une moyenne de vie de 4/5 ans. Elles sont donc très fragiles. Si vous souhaitez leur offrir une vie heureuse en remerciement pour tout leur travail, leur santé est à surveiller hebdomadairement :
- pesez vos poules. Elles ne montreront jamais de signe de faiblesse et quand vous vous en apercevrez, ce sera trop tard. Un des moyens de se rendre compte d’un quelconque problème est la perte de poids. A l’œil nu, il est quasiment impossible de la constater. Essayez de les observer dans la journée sans qu’elles ne vous voient afin de surveiller leurs comportements. Si une poule parait « normale », vérifiez la dernière date de son vermifuge. Si une poule reste éloignée de ses congénères, si elle a la queue basse, si elle reste debout et dors au lieu de se coucher dans un endroit approprié : alors elle souffre. Une poule en souffrance peut se faire attaquer par le reste du groupe ou par la poule dominante. Il faut impérativement l’isoler dans un endroit au sec, avec une litière bien sèche et propre, lui mettre à disposition de l’eau et de la nourriture et lui déposer près d’elle ou sous la litière, une bouillotte chaude. Puis observez ses selles et son comportement et n’attendez pas plusieurs jours pour réagir ; c’est souvent une urgence.
- écoutez leurs poumons et leur cœur en collant votre oreille sur leur dos. Le cœur doit battre vite : environ 110bpm au repos. Les poumons quant à eux, ne doivent produire aucun bruit : pas de « claque », de bruits de fond, de sorte de râle, etc. sinon, cela signifie qu’elle a pris froid et qu’il faut agir rapidement avec souvent des antibiotiques.
- vérifiez leurs pattes après les avoir lavées dans une bassine d’eau tiède et de savon noir. Si les écailles sont mal soudées entre elles, cela présage un début de gale qu’il faut vite soigner. Vous pouvez mettre de l’huile de cade dessus. Elles sont très sensibles aux échardes, épines, cailloux,… Si elles se blessent avec, elles peuvent déclencher une pododermatite : c’est une plaie (comme un trou sous la patte) avec infection bactérienne et réaction inflammatoire. C’est très douloureux, et cela peut dégénérer vers une infection causant la perte des doigts et finir par une septicémie. Avant d’en arriver là, nettoyez bien la patte, puis posez sur la plaie du miel cicatrisant et découpez un pansement hydrocolloïde avec une légère épaisseur puis faite un bandage avec une petite bande. Ce pansement est à changer et à renouveler tous les 3-4 jours (ou plus tôt si le bandage est très sale), jusqu’à disparition de la pododermatite. Quelques fois, il est bon de donner un antibiotique pour accélérer la guérison.
Pansement pour une pododermite.
Crète légèrement piquée.
- vérifiez leurs crêtes, elle doit être d’un joli rouge sans variation de couleur ni piquage. Si la crête pâlit à certains endroits, cela peut traduire un problème cardiaque. Dans ce cas-là, en fonction du poids de la poule, vous pouvez lui donner une aspirine 100mg. Attention, le poids donne une indication précieuse sur la posologie du traitement. Si vous voyez des marques de points noirs, cela peut être du picage ou des parasites. Observez le comportement des congénères avec elle et regardez plus précisément l’intérieur du poulailler.
- vérifiez l’état des selles. Celle du réveil est un peu liquide. Le reste de la journée, cela doit être épais (sauf si soumise à un stress ponctuel). Une poule qui a mal au ventre aura les fesses sales et ne se couchera pas dehors pour dormir. Il est très important de lui laver les fesses rapidement, surtout en été afin que les mouches n’y pondent pas des œufs (en naissant, les asticots vont chercher à percer la peau et à se nourrir des organes internes). En fonction de son poids, de la douleur et des selles, elle peut avoir besoin de smecta et/ou de spasfon.
- vérifiez les œufs : la coquille doit être lisse et solide. Une surface granuleuse peut être le signe d’une bronchite infectieuse. Une coquille molle est une carence en calcium ou en vitamine D ; dans ce cas-là, vous pouvez rajouter dans l’alimentation des coquilles d’œuf et d’huîtres écrasées, de l’huile de foie de morue, du fromage emmental, du saumon, de la sardine ou du beurre. Elles pondent peu ou pas du tout en hiver.
Une attention toute particulière doit avoir lieu au moment de la mue. Cela leur demande une énorme quantité d’énergie qui peut les affaiblir dangereusement et les rendre fragiles à toutes infections.
Pensez à les vermifuger en mars-avril et environ 5 mois plus tard. Des vitamines doivent être données en période de mue et souvent en hiver. Donnez-leur une nourriture adaptée à leur état de santé.
En cas de problème de santé de votre poule, il faut agir assez vite. Pensez bien à la peser, puis téléphonez à un vétérinaire spécialisé dans les gallinacées (ce n’est pas le cas de tous) ou à l’association SOS Gallinacées qui saura vous guider. Vous pouvez vous abonner à leur association et recevoir une newsletter qui vous indiquera quoi faire mois par mois pour avoir des poules heureuses et en forme.
Différence entre une poule sortie de l’élevage il y a quelques jours, et des poules récupérées il y a deux ans.
Vérification de l’etat de santé d’une poule.
Nous pouvons créer de superbes liens avec une poule !