Victime de préjugés néfastes, injustifiés et tenaces, la pie est facilement repérable avec sa robe blanche et noire, sa longue queue et son bec puissant. Classée « susceptible d’occasionner des dégâts », elle est piégée et tirée tout au long de l’année. On notera toutefois qu’elle est sortie de la liste des « nuisibles » dans 34 départements.
On estime sa population à 350 à 700 000 couples(2009-2012) (1) mais on sait qu’elle a sévèrement décliné depuis 1989. Une conséquence des destructions locales en secteur rural et du piégeage en Vendée(2). De plus, d’après les données du STOC, la population de pies entre 2002 et2016 a chuté de 16 %.
La pie visite nos jardins, y niche parfois et fréquente les
parcs des villes. Ses cris et ses jappements sonores la signalent aussi dans la
frondaison des arbres qu’elle fréquente.
A la campagne, la pie fait l’objet d’une véritable persécution. Elle est
accusée de rentrer en concurrence avec les pratiques agricoles, d’élevage et surtout
de chasse. On raconte qu’elle pille les réserves de jeunes petits gibiers, de
petits oiseaux et de mammifères. Ces accusations ne reposent pourtant sur
aucune base scientifique, même si elle peut prédater occasionnellement une
couvée, surtout si elle est dérangée.
En ville, les persécutions sont plus rares, les milieux moins traités
chimiquement. Les populations de cette espèce se sont ainsi déplacées des
milieux ruraux vers les agglomérations où leur densité peut atteindre 3 à 5
couples au km2 contre 0,8 à 1,8 à la campagne.
On estime que quelques milliers de pies sont victimes de persécutions directes
ou indirectes dans de nombreuses régions. L’impact de sa destruction n’est
pourtant pas évalué au niveau national.
Un rôle de nettoyeuse
La pie joue un rôle sanitaire très important puisqu’elle est nécrophage et contribue à nettoyer le sol des déchets organiques. Dans les jardins, elle permet d’éliminer de nombreux insectes et limaces.
Une réputation injuste et des dommages insignifiants
La pie est omnivore, son régime alimentaire peut varier, mais il est essentiellement constitué d’invertébrés, principalement de coléoptères, de larves, d’escargots et de limaces (3). Elle se nourrit aussi de fruits, de graines et de charognes. Une étude montre en région parisienne que la part des vertébrés dans son régime alimentaire est faible, soit environ 1.6% des prises. (4).
Une étude de la LPO montre que la présence de la pie, même en nombre, ne diminue ni la variété ni la quantité des oiseaux observables en hiver dans les jardins (5).
Le Collectif Renard Grand Est n’a noté aucun retour d’expérience de cette espèce faisant mention d’une surpopulation de ces animaux, d’une augmentation de dommages pouvant nuire à l’intérêt de la santé et de la sécurité publiques, aux intérêts aquacoles, agricoles et forestiers, ou encore de mise en danger de certaines espèces animales ou végétales, protégées ou non.
L’antipathie et l’hostilité envers la pie bavarde n’a donc aucun fondement scientifique.
La pie : espèce protégée au Luxembourg et en Belgique
Dans ces deux pays, des opérations derégulation ou de « destruction » sont impossibles pour cette espèce sans l’obtention de dérogations sous certaines conditions très encadrées par la législation nationale.
En Suisse, dans le canton de Genève, la chasse est interdite depuis 1974 et la Pie ne fait pas l’objet de destruction.
- Issa N. et Muller Y. 2015. Atlas des oiseaux de France métropolitaine. Nidification et présence hivernale. LPO, MNHM, SEOF. Delachaux et Niestlé, Paris.
- Clergeau P. 2000. Le contrôle des oiseaux ravageurs des cultures : de la destruction à la gestion. Journal of Mountain Ecology 5 : 219-227.
- Snow D.W. & Perrins C.M., 1998. The birds of the Western Palearctic : concise edition. Volume 2 : Passerines. Oxford University Press, Oxford.
- Tatner P. 1983. The diet of urban magpies. Ibis 125 : 90-107, Balanca G. Determinism of reproductive success in a magpie population (Pica pica). Gibier Faune Sauvage 4 : 5-27.
- Chiron F. 2007. Dynamiques spatiale et démographique de la pie bavarde Pica pica en France : implications pour la gestion. Thèse de Doctorat. Muséum national d’Histoire naturel, Paris.