Joyeuse fête à TOUS les animaux !
Savez-vous pourquoi, tous les 4 octobre, depuis les années 30, nous célébrons la journée mondiale des animaux ?
L’idée provient de Heinrich Zimmermann, un activiste allemand du 18ème siècle, défenseur de la cause animale.
Alors, profitons de cette journée pour prendre un peu de recul sur nos a priori et nous poser quelques questions…
Oserions-nous écraser un papillon à coup de claquettes ?
Oserions-nous tuer un dauphin s’il s’approchait un peu trop des côtes ?
Oserions-nous accepter des tirs à volonté sur les chiens errants ?
Quelle justice y-a-t-il entre les interprétations ou raisons humaines du face au mépris d’une espèce et les explications biologiques de la présence de cette espèce sur Terre ?
Après tout, cette auto-proclamation en tant que juge est-elle bien fondée ?
Dans une ère où l’anti-spécisme se fait de plus en plus entendre, profitons-en pour réévaluer notre perception sur notre relation aux autres espèces.
Zoom sur quelques espèces stigmatisées :
Le requin
Idée reçue n°1 : C’est un dangereux mangeur d’Hommes
Bien qu’il arrive que des accidents aient lieu, le requin est en réalité plutôt difficile. Lorsqu’il croque un baigneur ou un surfeur, qu’il prend pour une otarie à cause de la forme de la planche de surf, il ne va pas le dévorer car la chair humaine ne fait pas partie de son régime alimentaire. En effet, il sera beaucoup plus réceptif face à du sang de poisson ou de calamar.
Idée reçue n°2 : Ils deviennent de plus en plus agressifs
C’est en réalité le contraire. Le nombre de “touristes de la mer” comme les plongeurs, surfeurs, baigneurs, etc. a beaucoup augmenté au fil du temps. Le requin s’est donc plutôt habitué à la présence humaine. Cependant, l’omniprésence humaine et Internet permettent de plus recenser les attaques, et peut-être également augmentent les contacts directs (plongeurs qui touchent les requins, morsure d’un requin pris dans un filet de pêche, etc.).
Idée reçue n° 3 : Il faut tuer les requins pour être en sécurité
Tuer les requins de sa plage pour être tranquille est inutile car ces poissons sont mobiles, notamment en période de reproduction, et d’autres reviendront. Installer des dispositifs anti-requins non létaux est beaucoup plus efficace.
Les requins existent depuis plus de 400 millions d’années, les détruire provoque un bouleversement écologique majeur : étant au sommet de la chaîne alimentaire (ses seuls prédateurs étant l’Homme et l’orque), il assure une stabilité de son écosystème. C’est en plus un fabuleux nettoyeur des océans puisqu’il se nourrit régulièrement de cadavres.
Le requin provoque en moyenne 10 attaques mortelles par an.
L’Homme, lui, tue 100 MILLIONS de requin par an (dont 70 millions juste pour les ailerons).
D’après un article publié dans Nature, le taux des requins et raies océaniques menacés d’extinction est de :
- 77%
Le vautour
Idée reçue n°1 : C’est un prédateur à craindre
Le vautour est un charognard et n’a rien d’un prédateur, déjà anatomiquement. Ses serres sont si plates et avec des griffes arrondies et courtes, que si un vautour vous marchait dessus, vous pourriez le confondre avec une patte de chien. Son bec n’est pas non plus aussi crochu que celui des autres rapaces non charognards. C’est donc un opportuniste qui repère la mort et non un prédateur prêt à attaquer.
Idée reçue n°2 : Il est synonyme de saleté
Il devrait plutôt se raccorder à la notion de propreté. En effet, ce rapace est un véritable équarisseur naturel, puisqu’il est, justement, charognard. Cet agent sanitaire permet donc d’empêcher le développement de maladies liées à la décomposition de cadavres. De plus, même son anatomie lui permet de rester propre : vous êtes-vous déjà demandé pourquoi le vautour ne possède pas ou très peu de plumes sur la tête et le cou ? C’est pour justement faciliter son nettoyage après qu’il ait plongé la tête dans sa nourriture.
Idée reçue n° 3 : Il fait concurrence aux autres animaux
Au contraire, certains vautours peuvent même former des symbioses avec certaines espèces. Par exemple, le gypaète barbu et le loup forment un fabuleux duo : le loup observe le rapace dans le ciel car ce dernier le guide volontairement en direction des proies potentielles, comme par exemple une harde d’ongulés. Une fois que la meute de loups aura chassé et mangé, c’est alors que le gypaète pourra se nourrir des restes au repas, à savoir : la moëlle osseuse.
L’ours
Idée reçue n°1 : L’ours ne craint rien de l’Homme
Au contraire, l’humain est une véritable menace pour l’ours. L’ours brun a presque entièrement disparu de l’Europe et il y a une raison à cela : la destruction de son habitat. Depuis des siècles, la déforestation et la chasse à l’ours ont assassiné l’espèce. Lorsqu’au Moyen-Âge il était harcelé et éliminé pour des raisons religieuses, c’est aujourd’hui pour des raisons économiques, l’incriminant d’attaques sur des troupeaux. Comme l’affirme l’association Pays de l’Ours – Adet : L’ours brun européen est méfiant et craintif envers l’homme. Il évite tout contact autant que possible. En cas de rencontre, l’ours cherche toujours à fuir. S’il se dresse sur ses pattes arrières, ce n’est pas un signe d’agressivité, mais une position lui permettant de mieux identifier ce qui approche grâce à son odorat. Comme pour toutes les espèces de grande taille, sauvage ou domestique, la présence de petits (oursons, veaux, poulains …) doit inciter à une prudence particulière. En France, la dernière attaque d’un homme par un ours remonte à 1850.
Idée reçue n°2 : L’ours est un prédateur carnivore sans craintes, y compris sur les brebis
En réalité, l’ours brun est un omnivore opportuniste. Il grignote différentes choses au fil de ses déplacements. A force, il connaît les lieux propices à ses repas. Il ne s’aventure vers les brebis qu’en derniers recours. C’est donc très rare, et d’autant plus lorsque celles-ci sont protégées par les dispositifs adéquats. C’est son territoire et les ressources alimentaires présentes qui conditionnent la composition du régime alimentaire de l’ours, plutôt que son origine géographique. Ce n’est donc pas surprenant que les ours lâchés dans les Pyrénées aient le même régime alimentaire que les ours locaux, leur réintroduction est alors facilitée.
Idée reçue n° 3 : Les ours s’approchent fréquemment des habitations et des élevages
Il arrive que la nuit, lorsqu’il n’y a plus de présence humaine à l’extérieur, un ours s’approche des habitations, tout comme le font les cerfs ou les lapins. Mais c’est chose rare et cela ne s’apparente pas pour autant à un danger, puisque l’ours fuira dès qu’il sentira une présence humaine.
Le loup
Idée reçue n°1 : Le loup est dangereux pour les humains
Les contes Moyenâgeux sont encore bien présents dans les esprist aujourd’hui. A notre époque en France, il n’existe aucune preuve d’attaque de loups sur un humain. La rage, qui rendait les animaux agressifs, a pu contribuer à cette vision. Nombre d’histoires où le loup est incriminé serait plutôt à attribuer à des chiens voire à des criminels. Le loup est un animal extrêmement craintif, il suffit de constater ses réactions de méfiance et de fuite dans les parcs animaliers pour s’en rendre compte, alors qu’il a ici l’habitude de côtoyer des humains.
Idée reçue n°2 : Le loup est une espèce invasive
Ceci est entièrement faux car le loup sait coloniser seul le territoire et se répartir sans être en surnombre. Aujourd’hui, il y a environ 580 loups en France, c’est peu et leur expansion géographique faiblit. Notamment à cause des tirs dérogatoires qui ont été multipliés par 12 depuis 2013, de l’augmentation du braconnage, et, depuis 2019, de la discrète mise en place par le gouvernement de 300 communes où le loup est “exclu” = tué à volonté ! L’Etat fait tout pour ne pas dépasser 500 loups en France car il estime qu’avec ce nombre la population suffit pour être viable. Mais les conditions écologiques sont plus complexes que cela et les gérer (rester à 500 individus sans prendre en compte tous les paramètres biologiques) ne permet pas la viabilité de la population sur le long terme (dispersion notamment par l’Italie, reproduction).
Idée reçue n° 3 : Le loup attaque les troupeaux, la seule solution est de le tuer
Tout d’abord, le loup n’est pas toujours le fautif. Il y a de nombreuses attaques de chiens errants = environ 150 000 animaux domestiques (surtout ovins et caprins) ont été tués en un an par des chiens errants (étude de 2001), et chaque année au moins 100 000, contre 12 487 par des loups (2019). De plus, perturber la chaîne trophique en chassant les proies (gibiers) réduit les opportunités du loup, qui prendra alors le risque de se frotter aux chiens de berger (si tant est que les éleveurs les aient mis en place) pour se nourrir. Le loup devient plutôt une question politique qu’écologique qui devient de plus en plus urgente à gérer. Des dispositifs d’effarouchement sont bien plus efficaces que de tuer ces animaux. Le problème étant que trop peu d’éleveurs les mettent en place, malgré les subventions de l’Etat qui leur sont accordées dans ce but. Alors valorisons tous ceux qui arrivent à cohabiter avec le loup.
L’araignée
Idée reçue n°1 : Il faut tuer les araignées car elles “piquent”
Les araignées ne piquent pas mais mordent, elles n’ont pas de dard mais des chélicères (une sorte de crocs composée d’une tige en forme de cône avec un crochet inséré au bout). Dans 50 idées fausses sur les araignées, l’arachnologue Christine Rollard explique : “au moment de la capture d’une proie, le mouvement des deux chélicères se fait par écartement l’une de l’autre, ce qui correspond à une action de morsure”. La peur d’une morsure d’araignée est irrationnelle puisque la plupart des araignées sont inoffensives, que beaucoup d’entre elles n’ont pas la capacité physique pour mordre un humain, et qu’elles ne mordent que si elles se sentent vraiment agressées.
Idée reçue n°2 : Elles sont inutiles et sales
Les araignées contribuent à l’équilibre des écosystèmes au même titre que toute espèce. De plus, ce sont vos alliées car elles constituent dans vos maisons un véritable insecticide naturel ! A propos de la saleté, Christine Rollard explique que les araignées sont des individus en réalité très propres : elles nettoient leurs toiles et se nettoient elles-mêmes très fréquemment en se frottant les yeux, les pattes, etc. afin de toujours bien percevoir leur environnement. Le dicton “une maison avec des araignées est une maison saine” s’avère tout à fait fondé.
Idée reçue n° 3 : On risque d’avaler une araignée la nuit et elles peuvent pondre sous notre peau
Non et non. Le mythe d’avaler une araignée lorsque l’on dort est bien présent, mais faux ! Tout d’abord, il semble trivial de rappeler que nous dormons généralement la bouche fermée… Les araignées qui se déplacent la nuit cherchent une proie ou une opportunité de reproduction. Leur vision nocturne leur permet donc parfaitement de distinguer proie, partenaire ou bouche humaine (sans aucun intérêt pour elles). Ensuite, il est physiquement impossible pour une araignée de pondre sous notre peau, ni sous aucune surface close d’ailleurs. Elles n’ont aucun organe comme un dard qui pourrait leur permettre de percer notre peau. De plus, les araignées prennent grand soin de leurs oeufs en les entourant de leur soie puis en les cachant dans la végétation, sinon, beaucoup d’espèces gardent le sac d’oeufs avec elles jusqu’à l’éclosion.
Le serpent
Idée reçue n°1 : Ils sont agressifs
La première réaction d’un serpent face au danger sera toujours la fuite. La seconde étape sera l’intimidation en se mettant en position de défense, et si ces deux tentatives n’ont pas fonctionné, le dernier recours sera alors l’attaque. Le serpent mord pour chasser et non par simple agressivité, ce serait une dépense d’énergie inutile. Comparez les réactions de défense d’un serpent face à celles d’un chat ou d’un chien… Sont-elles vraiment différentes ?
Idée reçue n°2 : Je fais une bonne action en tuant un serpent quand j’en croise un
Non, et il y a plusieurs raisons à cela. Comme toute autre espèce présente dans un écosystème, les serpents participent à l’équilibre et il n’est donc pas du ressort de l’humain de décider arbitrairement d’une sentence. De plus, tous les serpents européens sont protégés (arrêté du 19 Novembre 2007) : “Sont interdits, sur tout le territoire métropolitain et en tout temps, la destruction ou l’enlèvement des oeufs et des nids, la destruction, la mutilation, la capture ou l’enlèvement, la perturbation intentionnelle des animaux dans le milieu naturel.”. Ajoutons qu’aucun serpent en France n’est mortel (sauf si allergie au venin). Les couleuvres sont totalement inoffensives. Les vipères mordent très rarement et n’injectent du venin avec leur morsure qu’une fois sur cinq. (voir les différences entre couleuvre et vipère). Couleuvre ou vipère, les serpents sont tous très craintifs, alors si vous avez la chance d’en voir un, profitez-en !
Idée reçue n° 3 : Le serpent se met dans le lit de son propriétaire pour savoir quand il pourra le manger
Cette légende urbaine est malheureusement très répandue. Quand un serpent se retrouve dans un lit, c’est suite à sa quête de source de chaleur, ici donc donnée par votre édredon, ou vous-même. Un terrarium mal fermé, un serpent qui se balade… Vous le trouverez dans les points chauds de votre habitation car la chaleur est vitale pour un serpent. La deuxième raison pour laquelle cette affirmation est un mythe est biologique. Un boa constrictor de 2 mètres pèsera environ 7 kg. Comment une créature de cette corpulence pourrait avaler un humain de 10 fois son poids ? C’est impossible, même avec un humain du même poids qu’elle. Et bien que la mâchoire des serpents leur permet d’ouvrir très grand la bouche pour gober sa proie (le serpent ne croque pas de morceaux), ils sont encore loin de pouvoir avaler tout un humain.
Le cochon
Idée reçue n°1 : Ils sont sales
Les cochons sont en réalité très propres. Dès que les petits ont 5 jours, ils commencent déjà à être propres et faire leurs besoins en dehors de la zone de couchage. Afin de se coucher quelque part, ils vérifient que l’endroit ne soit pas sale, sous peine ne pas s’y allonger. Ils mangent toujours loin de la zone où ils font leurs besoins. Et s’ils se roulent dans la boue, c’est pour prendre soin de leur peau fragile ! En effet, la boue permet de repousser les parasites et de se protéger du soleil, tout en se rafraîchissant, car malgré les dictons, le cochon ne transpire pas.
Idée reçue n°2 : Ils sont stupides
Les études sur les cochons sont nombreuses, et toutes arrivent à la même conclusion : les cochons font partie des animaux les plus intelligents ! Peut-être même plus que les chiens. Ce sont des animaux joueurs, vifs et même parfois espiègles. Ils passent avec brio le test du miroir, en se reconnaissant dedans, ceci démontrerait la conscience de soi. Ils ont également conscience des autres, comme le prouve une expérience qui visait à volontairement détourner l’arrivée à un bol de nourriture par un concurrent en feintant sa localisation. Ils arrivent même à jouer à des jeux vidéo en utilisant leur groin pour manier le joystick.
Voir l’article de L214 sur l’intelligence et la vie sociale des cochons.
Idée reçue n° 3 : Ce sont des animaux égoïstes
Les cochons sont des animaux sociables et très sensibles. Et ils ont le sens de la famille. Tout d’abord, les liens construits entre la truie et ses bébés sont très forts. Après s’être isolée pour la mise bas et pour les deux semaines suivantes avec eux, tout le monde rejoint la famille, où une activité sociale très intense se joue, au point où les mères se partagent les tâches. De plus, le langage des cochons est très complexe. Il est composé de cris, de grognements et de couinements que chacun apprend, comprend et pratique alors.
Tout cela remet donc en question le traitement et la destinée des cochons élevés pour être mangés… Alors à nous de décider ce que nous mettons dans notre assiette.
Les animaux dits “nuisibles” (renard, fouine, corbeau…)
Idée reçue n°1 : Ils engendrent tous des dégâts sur les activités agricoles, forestières et aquacoles
Vous avez sûrement entendu parler des ESOD, Espèces Susceptibles d’Occasionner des Dégâts, nouveau terme politiquement correct utilisé pour remplacer les « nuisibles ». Le renard, la fouine, la belette, le geai des chênes, la martre ou encore la pie bavarde en font partie. Si nous prenons l’exemple du renard, c’est un partenaire idéal pour les agriculteurs : il réalise d’importants prélèvements dans les populations de petits rongeurs responsables de nombreux dégâts agricoles. Il joue un rôle de dératisation et de police sanitaire des écosystèmes, tout comme la fouine et bien d’autres.
Idée reçue n°2 : Ils forment tous un risque pour la santé et la sécurité publique
Certains ESOD sont stigmatisés alors que leurs rôles sont en fait le contraire de ce en quoi ils sont accusés. Par exemple, le corbeau et la corneille, grâce à leur rôle de charognards, forment de fabuleux agents sanitaires, en nettoyant les espaces des cadavres qui pourraient apporter des maladies à cause de leur décomposition. Le renard ne fait pas la fine bouche puisque son alimentation est principalement constituée d’animaux malades, faibles, blessés. Ceci évite donc les pullulations et les épidémies. En hiver, principalement, le renard est souvent dépendant des cadavres et joue donc le rôle d’équarisseur. De plus, en se nourrissant de fruits et de baies, le renard est aussi un disséminateur de graines. Le geai des chênes, oiseau typiquement forestier, entretient des relations privilégiées avec le chêne : l’arbre fournit la nourriture à l’oiseau qui, en retour, assure sa régénération sur plusieurs kilomètres. Lorsque l’espèce est protégée, l’impact sur la régénération naturelle de l’arbre est énorme. C’est donc un formidable reboiseur : chaque geai disperse 4600 glands par an !
Idée reçue n° 3 : Ils mettent tous en danger des écosystèmes
La liste des nuisibles varie entre les pays et à travers le temps. Par exemple, la martre est encore inscrite à la liste des nuisibles en France alors que d’autres pays d’Europe encouragent des plans de réintroduction ou de protection de ces animaux en raison de leurs intérêts écologiques. L’ajout d’espèces à la liste des nuisibles paraît donc subjective et guidée par des arguments discutables et toujours anthropocentrés. Mais la distinction entre les espèces jugées “utiles” et celle jugées “nuisibles” est heureusement dépassée en écologie. Les espèces co-évoluent dans les écosystèmes eux-mêmes changeants où les “bons” et les “mauvais » n’existent pas (Rigaud, P ; 2017). Il est temps de changer de vision et de montrer comment ces animaux peuvent être utiles à la nature.