J’ai fait un rêve…. Oui, j’ai rêvé d’un autre monde… Un monde où les animaux étaient en paix. Un monde sans cruauté où la faune n’avait plus à craindre la chasse loisir, le piégeage et les destructions. Un monde où les droits des animaux étaient acceptés de tous. Un monde où les écosystèmes s’équilibraient à nouveau naturellement… Dans ce monde, l’élevage de gibier pour la chasse et les lâchers dans la nature avaient été stoppés. La vie de 21 millions d’animaux était ainsi épargnée chaque année. L’absence de réintroductions avait permis de diminuer les problèmes sanitaires et de pollution génétique. Dans ce monde, il n’y avait plus d’agrainage et d’affouragement ; pratiques connues pour multiplier artificiellement le nombre d’animaux sauvages, et plus particulièrement de sangliers. Le nombre de sangliers avait ainsi considérablement diminué, limitant les dégâts agricoles. Dans ce monde, les animaux et les humains cohabitaient en se respectant les uns, les autres. Il existait même des zones entières, qu’on appelait « zones sanctuaires », où les animaux et la nature étaient rois, et où les humains ne pénétraient qu’exceptionnellement. Dans ce monde, la chasse loisir et le piégeage n’existaient plus, car plus personne n’avait envie de se réjouir de la mort et de la souffrance d’un animal…. 45 millions de vies animales étaient ainsi préservées chaque année. Et j’étais bien. Mais je me suis réveillée. J’ai retrouvé la tristesse d’une France soumise au lobby de la chasse. J’ai ressenti la douleur et la mort. Alors j’ai pris mes bagages, j’ai cherché un monde meilleur… et j’ai trouvé !

 

Direction Genève : un canton suisse sans chasse depuis plus de 40 ans !

En 1974, suite à une initiative populaire lancée par les milieux de protection des animaux, le peuple genevois a voté l’interdiction de la chasse sur tout le territoire du canton de Genève. Sur place, après un quart de siècle, le bilan est très positif. Les populations d’ongulés se portent bien, le chevreuil est présent dans la plupart des massifs, le cerf a pris pied sur le canton et se développe favorablement et le sanglier est aussi solidement établi. Les densités de lièvres du canton comptent parmi les plus élevées de Suisse et on n’a jamais fait autant d’efforts pour conserver l’habitat des dernières populations nationales de lapins et de perdrix, en collaboration avec l’agriculture. Le nombre d’oiseaux d’eau hivernants a plus que décuplé et il n’y a jamais eu une telle richesse et diversité de canards sur le lac Léman et les cours d’eau (1). Les dommages causés par les animaux sont restés à un niveau accepté par les agriculteurs. Les problèmes ponctuels causés par les sangliers sont réglés par des gardes professionnels, ce qui satisfait les habitants. Ces sangliers, d’ailleurs, viennent souvent de France où ils prolifèrent, car leur chasse y est très rentable. De plus, la présence de petits carnivores (renards, fouines, hermines, etc.), considérés par les chasseurs français comme des « nuisibles » qu’il faudrait à tout prix « réguler », ne pose ici pas de souci. La majorité de la population genevoise s’estime satisfaite de la situation actuelle, à la fois parce que les animaux sont maintenant en paix, mais aussi parce que les Genevois peuvent désormais se promener en toute sécurité tous les jours de la semaine sans craindre les tirs. Un sondage mené en 2004 par l’institut Erasm a montré que la population est favorable au maintien de l’interdiction de la chasse dans un rapport de 5 contre 1 (soit bien plus que lors de la votation de 1974) et à fin 2009, un amendement au budget visant à réintroduire partiellement la chasse a été balayé par le Grand Conseil par 70 voix contre 6 (2). Sur le terrain, le corps des gardes de l’environnement réalise une part importante de la gestion de la faune. Cette gestion, basée sur l’observation, la surveillance, la prévention des dégâts et la régulation représente l’équivalent d’environ 3 postes à plein temps et une toute petite fraction du budget cantonal de la protection de la nature. Les tirs de régulation effectués par les gardes pour limiter les animaux posant des problèmes importants (les sangliers en particulier) sont réalisés avec professionnalisme de manière à causer un minimum de stress et de souffrance, ce qui les différencie nettement des battues pratiquées dans les régions avoisinantes.

 

Expérimentons sur une région pilote durant 4 ans, l’exemple de Genève

Si cela a fonctionné à Genève, pourquoi ne pas tenter l’expérience en France, sur une région telle que la Bretagne ou la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur ? Après la mise en place progressive d’étapes nécessaires comme l’arrêt de l’agrainage, l’arrêt des lâchers d’animaux d’élevage pour la chasse et la mise en place de zones sanctuaires sans présence humaine, la création d’une Brigade d’Intervention Environnementale (BIE), calquée sur les gardes environnementaux genevois, constituée de NON CHASSEURS,  serait une transition nécessaire dans le processus de réhabilitation de l’équilibre de la nature. La Brigade d’Intervention Environnementale ferait de la prévention, en réalisant par exemple des conseils sur la protection des cultures, des espaces et des habitats. En cas de dégâts occasionnés par la faune, elle mènerait une action d’expertise décisionnelle conduisant ou non au versement d’indemnisations. Elle sensibiliserait les promeneurs, les chasseurs, et la population en général au respect de la faune. Durant la période de transition, comme dans le canton de Genève, elle régulerait les populations sauvages lorsque des risques sanitaires ou de sécurité publique seraient inévitables, après le déploiement de toutes les actions possibles pour les éviter. Cette mission lui serait exclusivement réservée. Dans son fonctionnement, la Brigade d’Intervention Environnementale remonterait les informations de terrain à l’Agence Française de la Biodiversité. Cette Brigade aurait le pouvoir de constater toute infraction, d’établir un rapport, de verbaliser toute contravention sur le domaine public ou privé, et dans n’importe quel code (pénal, environnemental…). Exemples : braconnage, chasse illégale, piégeage, non-respect des quotas, agrainage illégal, réintroduction d’animaux, actes de cruauté, problèmes de sécurité, interdiction de déloger les animaux, etc. Elle interviendrait auprès des animaux sauvages accidentés ou égarés en assurant des astreintes 24h/24 avec un numéro d’urgence ; en travaillant en collaboration avec les pompiers spécialisés, les vétérinaires, les associations de protection animale, les centres de faune sauvage et les services de justice.

Sources :

(1) http://ge.ch/nature/chasse
(2) http://ge.ch/nature/media/nature/files/fichiers/documents/bilan_interdiction_de_la_chasse.pdf