Les incendies et la sécheresse ont causé de nombreux dégâts irréversibles sur la faune sauvage. Malgré ces catastrophes, la période de chasse reste ouverte sur les zones ravagées. Le centre de sauvegarde de la faune sauvage Athénas a lancé une pétition afin d’obtenir un moratoire immédiat sur la chasse.

PERTE DE NOMBREUSES ESPÈCES SUITE aux catastrophes 

Cet été, nous avons tous été marqués par les images de forêts décimées par les feux. Nous avons aussi vécu de fortes chaleurs et découvert avec stupeur les nombreux cours d’eau asséchés.

En Gironde, 20 000 hectares de forêts ont été brûlés dont 7000 à la Teste-De-Buch. Selon les chasseurs, plus d’un quart des chevreuils aurait péri dans les flammes. C’est pourquoi la mairie de la Teste-de-Buch a décrété l’arrêt de la chasse au chevreuil cette saison. Des battues auront lieu, si nécessaire, dans les zones urbaines et périurbaines.

Pour Paul Tourneur, chef de projet biodiversité à l’Office National des Forêts Landes Nord Aquitaine, la faune la plus impactée est celle qui a une faible capacité de déplacement. La forêt domaniale de La Teste-de-Buch, une des rares forêts naturelles des Landes abrite la grande noctule, le plus grand chiroptère d’Europe. Selon l’ONF, la colonie présente aurait disparu dans les flammes.

Des incendies ont également ravagé la Bretagne, plus de 1.700 ha de landes, de sapinières et de feuillus sur les Monts d’Arrée. Selon Le parc régional d’Armorique, le feu n’aurait pas eu d’impact sur les espèces d’oiseaux emblématiques, car elles sont en cours de migration ou en capacité de voler. Les craintes se portent sur les insectes, les mollusques, les petits mammifères, les amphibiens et les reptiles qui n’ont probablement pas eu la possibilité de fuir.

Quant à la sécheresse, elle a laissé place à une faune complétement déshydratée, les conséquences sur la biodiversité sont importantes : modification voire disparition de certaines espèces sauvages. Selon Jonathan Lenoir, chercheur du CNRS, les arbres “jouent un rôle de refroidissement”, comparable à un “système de climatisation”. Les animaux se protègent de la chaleur grâce aux feuilles, et les insectes s’hydratent grâce à l’eau contenue dans les plantes. Cependant, cette fraîcheur se dissipe sous l’effet de la chaleur extrême, obligeant les arbres à se mettre en “mode économie d’énergie” et à arrêter “la photosynthèse”, explique le scientifique du Laboratoire Écologie et dynamique des systèmes anthropisés. “C’est comme si on avait appuyé sur le bouton “off” de la clim” car “les végétaux arrêtent de transpirer, donc de diffuser de l’eau dans l’air, tel un brumisateur”, analyse Jonathan Lenoir¹.

Même si le bilan définitif des dommages n’est pas encore établi, il est certain que l’ensemble des animaux sauvages sont affectés et que leurs effectifs vont baisser à court et à moyen terme. 

LES ASSOCIATIONS SE MOBILISENT POUR SUSPENDRE LA CHASSE

Dans ce contexte, plusieurs associations de protection de la faune réclament un report de l’ouverture de la chasse en France.

Le Centre Athénas demande “que toute action de chasse soit suspendue jusqu’à ce que le déficit pluviométrique soit compensé : reconstitution des nappes superficielles, retour des cours d’eau à un niveau de débit normal pour la saison”.

C’est la raison pour laquelle le centre de protection des animaux sauvages a lancé une pétition qui a déjà récolté presque 80 000 signatures dans le but d’obtenir un moratoire immédiat sur la chasse. 

D’autre part, la Fondation Brigitte Bardot demande le report de l’ouverture de la chasse à 2023 en Dordogne, qui débute le 11 septembre. Brigitte Bardot demande dans sa lettre envoyée au Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Monsieur Christophe Béchu que “pour des raisons écologiques et humaines il serait criminel d’autoriser les chasseurs à abattre les survivants des drames qui ont dévasté notre pays cette année”.

1 : Clara Hidalgo, “Sécheresse : quelles conséquences pour les oiseaux, les poissons, les abeilles…?, dans Le Figaro Sciences, publié le 12/08/2022.