https://www.animal-cross.org/grippe-aviaire-sante-humaine/
Dans le précédent article nous dénoncions le risque d’une nouvelle pandémie qui aurait pour origine la grippe aviaire (1). En effet, “L’ANSES (L’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) et l’Institut Pasteur ont mis en évidence que la prochaine épidémie risquait de venir de l’amplification exponentielle de la grippe aviaire dans les élevages intensifs, grippe qui pourrait muter en un sous-type transmissible à l’homme et surtout entre hommes.”Alors que la grippe aviaire semblait avoir disparu des élevages français, à la grande satisfaction des autorités sanitaires, les nouvelles depuis début mai font état d’une résurgence encore localisée mais spectaculaire dans les Pyrénées atlantiques, le Gers, les Landes (5,6).
Hausse des processus de contamination, avec multiplication des cas de franchissement de barrières inter-espèces
Les récents évènements ne font que confirmer le risque que nous dénoncons en montrant le franchissement des premières étapes :
- Pérou : depuis novembre 2022, 63 000 oiseaux marins ont été déclarés morts de la grippe aviaire au Pérou. Et les chercheurs pensent, sans l’avoir démontré pour l’instant, qu’il y a eu une contamination directe entre les oiseaux et les otaries, expliquant les 3500 otaries mortes retrouvées échouées sur la plage dans la réserve naturelle de Paracas, à quelque 270 km au sud de Lima. Ils redoutent aussi une extension de l’épidémie à des espèces menacées, comme le condor des Andes. (2)
- Chili : février 2023, détection confirmée de la grippe aviaire sur le cadavre d’une otarie. (3)
- Chili : mars 2023, confirmation d’un cas d’infection humaine par la grippe aviaire, un homme de 53 ans sans comorbidités ou antécédents.
- Sénégal : mars 2023, déclaration d’un foyer de grippe aviaire hautement pathogène A(H5N1) chez des oiseaux sauvages : 637 sternes royales, sternes caugek, sternes caspiennes, mouettes à tête grise et cormorans sont morts depuis le 8 mars au Parc national de la Langue de Barbarie à Saint-Louis.
- Cette liste de contaminations inter-espèces n’est qu’un aperçu. Les H5N1 a fait bien d’autres victimes : furets morts en Belgique,
chat domestique en France et US, chien au Canada, renards en France, Angleterre, Allemagne et Italie, loutres et phoques en Ecosse et Allemagne, dauphins et marsouin (Russie, Suède), chiens de brousse dans un zoo anglais, moufettes et chats sauvages aux US…(5) - France : mai 2023, redémarrage spectaculaire des contaminations avec des dizaines de foyers dans le Sud-Ouest, ayant entrainé l’abattage de milliers de canards. (6,7,8)
- Au niveau mondial depuis 2003, 873 infections humaines par des virus A(H5N1), dont 458 mortelles (taux de létalité de 52 %), ont été notifiées à l’OMS.(4)
Ces éléments tendent à montrer que le processus de contamination ne fait que s’amplifier à chaque migration, tout en multipliant les cas de franchissement de barrières inter-espèces.
La vaccination des palmipèdes, nouvel espoir pour maintenir un système aberrant
Mais pour maintenir le système aberrant des élevages intensifs, plutôt que de se remettre en cause la filière mise tout sur la technologie et la science, avec pour nouvel espoir la vaccination des oies et canards prévue pour l’automne 2023.
Mais quid des effets ? Sur le consommateur, sur la faune, sur les écosystèmes, … ? La vaccination va peut-être sauver les bénéfices financiers de la filière, mais est-ce que le mécanisme de mutation ne va pas continuer entre porteurs “sains” avant de recontaminer la faune, puis l’homme ?
Le virus H5N1 a un taux de létalité estimé autour des 50% parmi les oiseaux, ce qui est énorme. Qu’en sera-t-il s’il passait à l’homme, et entre les hommes ?
Quand nous reconnecterons-nous à la nature, dont nous faisons partie, pour en respecter le fonctionnement ? Faut-il une fois de plus que nous vivions le pire, comme avec le Covid, pour que nous comprenions qu’il faut changer de cap ?
Comme nous l’indiquions dans notre précédent article :
“L’épizootie aviaire est analysée surtout comme un problème pour la filière d’élevage et non comme une menace pour la santé humaine. Il serait temps d’entreprendre une réflexion globale dite One Health, c’est-à-dire tenant compte du lien entre santé humaine et santé animale en relation avec les écosystèmes.
La production de foie gras par le gavage des canards et des oies est déjà à l’origine d’inacceptables souffrances, ce qui est déjà une raison suffisante pour cesser sa consommation.
Et avec le risque lié à la grippe aviaire, il est plus que temps de réfléchir aux conséquences de nos actes.
Alors, arrêtons de manger du foie gras, source de souffrances cruelle infligées aux animaux, avant la prochaine pandémie.“
Sources :
(1) : https://www.animal-cross.org/grippe-aviaire-sante-humaine/
(2) : Grippe aviaire : Des milliers d’otaries décimées au Pérou (20minutes.fr)
La grippe aviaire touche le Pérou et cause une hécatombe chez les otaries et les oiseaux (rfi.fr)
(4) : https://www.who.int/fr/
(8) : https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/05/21/la-grippe-aviaire-flambe-a-nouveau-dans-le-sud-ouest_6174242_3234.html?random=24295070&random=1659708983