Parmi les mutilations animales, si la coupe des queues des porcelets et l’épointage des becs de volaille sont les plus connues et les plus discutées en termes de bien-être animal, les souffrances causées aux bovins par l’écornage sont sous-estimées. La vue de vaches mutilées est devenue la norme pour les vaches à lait et une habitude largement répandues chez les vaches « à viande », à tel point qu’on ne se pose plus la question du bien-fondé de cette pratique.
De fausses raisons d’écorner les vaches
L’écornage des bêtes à cornes consiste à faire l’ablation des cornes ou à en empêcher la croissance.
Pourtant cette manière de faire est récente. L’élevage a existé pendant des millénaires sans couper les cornes des vaches. On se demande vraiment comment, au long des siècles passés nos ancêtres ont pu survivre aux coups de cornes de leurs vaches ? Avaient-ils la peau plus dure que nous ou savaient-ils mieux s’y prendre pour mener leurs bêtes sans problèmes ?
L’élevage moderne (depuis les années 50) qui consiste à adapter l’animal à l’outil de production pour produire toujours plus – alors qu’il faudrait faire le contraire – est passé par là.
La vie d’un troupeau de vaches a ses codes, c’est une vie de groupe, chacune a un rôle, une position avec une hiérarchie. Les cornes permettent aux animaux de réaliser cette hiérarchie. Une vache sans corne se retrouve démunie de son moyen de défense. Si les bovins ont un espace suffisant, qu’ils vivent au pré une bonne partie de l’année, ils trouveront l’équilibre du troupeau et tout se passera bien ! Les frictions entre les animaux seront faibles, ce qui n’empêche pas d’isoler les animaux qui sont les plus agressifs le cas échéant. L’absence de corne ne va pas supprimer l’agressivité des animaux, bien au contraire. Ainsi témoigne une spécialiste des vaches Alika Lindbergh :« Les vache écornées, loin d’être plus paisibles, donnent souvent des coups de tête, ou bousculent sévèrement les vachers, en vertu d’une évidence qui ne semble pas avoir frappé nos contemporains: plus un animal se sent fort et capable de se défendre, moins il est agressif – plus il est dépouillé de ses défenses, plus il a peur. Et l’on sait depuis toujours que la peur engendre l’agressivité. »
Les conditions d’agressivité des animaux sont le manque d’espace, l’insalubrité, la faim et la soif, voire la conduite inappropriée de l’élevage. Les éleveurs qui se plaignent parlent-ils doucement aux animaux, qui y sont sensibles ? Sait-on s’ils les battent et si le coup de corne éventuel n’est pas un retour à l’expéditeur ? Il s’agit plutôt de traiter les causes éventuelles du problème d’agressivité. Les bovins sont des animaux remarquablement dociles et pacifiques eu égard à la manière dont on les traite.
On objecte aussi que la sécurité de l’éleveur est accrue. Certes, les cornes doivent rendre les éleveurs vigilants mais ils ne coupent pas le pied des vaches dès lors qu’ils se prennent un coup. A ce sujet, l’épointage ou le fait de mettre un bouchon sur l’extrémité des cornes, comme pour les courses landaises, diminuerait la dangerosité supposée des animaux.
Quant au passage au cornadis *, c’est vraiment faire insulte aux vaches de ne pas penser qu’elles peuvent s’adapter à un cornadis avec des cornes. Les vaches avec cornes le font tous les jours.
« Écorner un animal sans anesthésie est une pratique cruelle et contraire à l’éthique » (Ministère de l’agriculture du Canada).
Qui plus est , l’anesthésie est obligatoire au-delà de 4 semaines. Mais en France, elle n’est pas pratiquée
La pratique de l’écornage n’est pas pour les animaux une opération de plaisir, loin s’en faut.
Il est recommandé d’écorner les veaux à moins de 4 semaines car il est supposé que l’opération est moins douloureuse pour les animaux que si l’opération est réalisée plus tard. Les cornes naissantes sont détruites au moyen notamment de la cautérisation par la chaleur avec un fer chaud ou de la cautérisation chimique au moyen d’une pâte caustique. Outre le stress de l’écornage, il est recommandé d’utiliser un sédatif pour calmer l’animal. L’éleveur peut aussi utiliser des anti-inflammatoires à défaut de molécules plus puissantes pour diminuer la douleur de l’animal les jours suivants.
Pour des cornes formées, les méthodes utilisées sont le fil coupant (scie fil), la pince coupante voire la disqueuse, l’écornage hydraulique.
Le cadre réglementaire
Recommandations du Comité de la Convention européenne
du 21 octobre 1988 (article 17)
– L’article 17 précise que l’écornage par d’autres moyens que l’ablation chirurgicale des cornes (section des cornes) doit être interdit. Cependant des exceptions sont faites :
– pour des bovins de moins de 4 semaines de vie : écornage possible par cautérisation chimique ou thermique, sans anesthésie.
– pour des bovins de plus de 4 semaines de vie : écornage, destruction ou ablation à un stade précoce de la partie produisant la corne possible au moyen de méthodes chirurgicales ou de la cautérisation par brûlure, sous anesthésie, par un vétérinaire ou une personne qualifiée.
Charte des bonnes pratiques
La Charte des Bonnes Pratiques d’Elevage recommande d’écorner les bovins avant 6 semaines de vie en respectant les méthodes préconisées. En cas d’écornage adulte, elle stipule de poser un garrot, d’utiliser du matériel hydraulique et d’administrer un antalgique à l’animal ou de préférence une anesthésie.
Jean-Marie Nicol, vétérinaire praticien commente la réalité « Dans la pratique, cette réglementation sur l’analgésie [nous rajoutons a fortiori anesthésie] reste en France lettre morte, y compris pour la quasi-totalité des jeunes bovins et des animaux adultes soumis à un écornage, alors que nous disposons des moyens efficaces d’atténuer la douleur. »
L’Inra le rappelle aussi « La pratique de l’écornage sans anesthésie* ni analgésie* est reconnue douloureuse aussi bien chez le veau que chez l’adulte » Douleurs animales. Les identifier, les comprendre, les limiter chez les animaux d’élevage p197
Le minimum serait d’accompagner l’analgésie par une anesthésie locale quand l’animal a plus de 4 semaines mais la loi ne permet pas à l’éleveur de pratiquer un tel geste. Il faudrait le recours d’un vétérinaire.
D’autres pays prennent moins de gant pour décrire les bonnes pratiques en termes d’anesthésie, comme le Canada. Il s’agit d’une citation du ministère de l’agriculture
Lors de l’écornage (à tous les âges de l’animal) « une anesthésie locale préalable élimine la douleur aiguë ressentie pendant les quelques heures qui suivent l’écornage. La meilleure façon de maîtriser la douleur est de combiner l’anesthésique locale avec un sédatif et un analgésique. Écorner un animal sans anesthésie est une pratique cruelle et contraire à l’éthique »
http://www.omafra.gov.on.ca/french/livestock/dairy/facts/09-004.htm#raisons
Outre la douleur, la cautérisation des cornes formées pose problème. « Au moment de l’écornage chirurgical des veaux plus âgés, il y a ouverture du sinus» (Ministère de l’agriculture, Canada)
Au final on est très loin des recommandations en termes de prise en charge de la douleur
« Une revue assez récente (Stafford & Mellor, 2005) sur le sujet conclue que :
– la cautérisation est la méthode d’écornage la moins douloureuse,
– le protocole analgésique idéal est la combinaison d’une sédation* à l’aide
d’alpha2-agonistes (xylazine), d’une administration préopératoire d’un AINS, et d’une anesthésie locale* du nerf cornual avant l’écornage. » Inra, déjà cité, p 284
Une solution peu utilisée : des vaches naissant sans corne
Une solution qui se développe pour les vaches allaitante est la naissance sans corne. On appelle animaux « acères » les bovins génétiquement dépourvus de cornes (pelled en anglais ou PP). les taureauax acères sont obtenus par croisement génétique. Ensuite le gène acère étant dominant chaque vélage donnera naissance à un veau sans corne. Du point de vue de l’élevage, la principale difficulté de la sélection sans cornes réside dans la faible diversité des origines génétiques.
Si nous préférons les vaches à corne, il est certain que le développementdes vaches acères permet de supprimer la souffrance de l’écornage.
Une vache sans corne n’est pas une vraie vache.
Les conséquences psycho-somatiques sont difficiles à évaluer mais pour autant il ne faut pas les ignorer. L’ablation, l’amputation d’un membre on le sait chez l’être humain cause une blessure psychique très profonde. A tel point même que certains amputés souffrent d’un membre qu’ils n’ont plus. L’organe mutilé continue à exister d’une manière fantomale. Le plupart des lecteurs se moqueront de cette remarque n’y voyant qu’anthropocentrisme. Pouvons-nous toutefois l’ignorer sous prétexte que les « scientifiques » ne sont pas capables aujourd’hui de le prouver ? Plus notre connaissance du monde animal se développe, plus nous découvrons ce que nous ne voulons pas voir, la subtile et profonde sensibilité des animaux.
Le danger de blessure que font courir les cornes pour les animaux et les personnes qui en prennent soin peut en effet être considérablement réduit en prenant des mesures adaptées à la stabulation libre.
Une vache a droit à ses cornes. L’écornage porte atteinte à l’intégrité physique et à la dignité morale des animaux.
‘* Cornadis, Définition Larousse « Dispositif installé devant une auge ou un râtelier consistant à limiter les mouvements des animaux quand ils sont en train de manger. »
Jean-Marie Nicol, vétérinaire praticien commente la réalité « Dans la pratique, cette réglementation sur l’analgésie [nous rajoutons a fortiori anesthésie] reste en France lettre morte, y compris pour la quasi-totalité des jeunes bovins et des animaux adultes soumis à un écornage, alors que nous disposons des moyens efficaces d’atténuer la douleur. »
L’Inra le rappelle aussi « La pratique de l’écornage sans anesthésie* ni analgésie* est reconnue douloureuse aussi bien chez le veau que chez l’adulte » Douleurs animales. Les identifier, les comprendre, les limiter chez les animaux d’élevage p197
Le minimum serait d’accompagner l’analgésie par une anesthésie locale quand l’animal a plus de 4 semaines mais la loi ne permet pas à l’éleveur de pratiquer un tel geste. Il faudrait le recours d’un vétérinaire.
D’autres pays prennent moins de gant pour décrire les bonnes pratiques en termes d’anesthésie, comme le Canada. Il s’agit d’une citation du ministère de l’agriculture
Lors de l’écornage (à tous les âges de l’animal) « une anesthésie locale préalable élimine la douleur aiguë ressentie pendant les quelques heures qui suivent l’écornage. La meilleure façon de maîtriser la douleur est de combiner l’anesthésique locale avec un sédatif et un analgésique. Écorner un animal sans anesthésie est une pratique cruelle et contraire à l’éthique » http://www.omafra.gov.on.ca/french/livestock/dairy/facts/09-004.htm#raisons
Outre la douleur, la cautérisation des cornes formées pose problème. « Au moment de l’écornage chirurgical des veaux plus âgés, il y a ouverture du sinus» (Ministère de l’agriculture, Canada)
Au final on est très loin des recommandations en termes de prise en charge de la douleur
« Une revue assez récente (Stafford & Mellor, 2005) sur le sujet conclue que :
– la cautérisation est la méthode d’écornage la moins douloureuse,
– le protocole analgésique idéal est la combinaison d’une sédation* à l’aide
d’alpha2-agonistes (xylazine), d’une administration préopératoire d’un AINS, et d’une anesthésie locale* du nerf cornual avant l’écornage. » Inra, déjà cité, p 284
Une solution peu utilisée : des vaches naissant sans corne
Une solution qui se développe pour les vaches allaitante est la naissance sans corne. On appelle animaux « acères » les bovins génétiquement dépourvus de cornes (pelled en anglais ou PP). les taureauax acères sont obtenus par croisement génétique. Ensuite le gène acère étant dominant chaque vélage donnera naissance à un veau sans corne. Du point de vue de l’élevage, la principale difficulté de la sélection sans cornes réside dans la faible diversité des origines génétiques.
Si nous préférons les vaches à corne, il est certain que le développementdes vaches acères permet de supprimer la souffrance de l’écornage.
Une vache sans corne n’est pas une vraie vache.
Les conséquences psycho-somatiques sont difficiles à évaluer mais pour autant il ne faut pas les ignorer. L’ablation, l’amputation d’un membre on le sait chez l’être humain cause une blessure psychique très profonde. A tel point même que certains amputés souffrent d’un membre qu’ils n’ont plus. L’organe mutilé continue à exister d’une manière fantomale. Le plupart des lecteurs se moqueront de cette remarque n’y voyant qu’anthropocentrisme. Pouvons-nous toutefois l’ignorer sous prétexte que les « scientifiques » ne sont pas capables aujourd’hui de le prouver ? Plus notre connaissance du monde animal se développe, plus nous découvrons ce que nous ne voulons pas voir, la subtile et profonde sensibilité des animaux.
Le danger de blessure que font courir les cornes pour les animaux et les personnes qui en prennent soin peut en effet être considérablement réduit en prenant des mesures adaptées à la stabulation libre.
Une vache a droit à ses cornes. L’écornage porte atteinte à l’intégrité physique et à la dignité morale des animaux.
‘* Cornadis, Définition Larousse « Dispositif installé devant une auge ou un râtelier consistant à limiter les mouvements des animaux quand ils sont en train de manger. »