L’association de protection animale Animal Cross a décidé d’attaquer en référé la décision du Préfet de Haute-Savoie concernant l’abattage indiscriminé de 60 bouquetins sur le massif du Bargy.

Demain jeudi 20 août, au tribunal administratif de Grenoble à 11 heures aura lieu l’audience en référé.

Le Préfet de Haute-Savoie a pris un arrêté (n°DDT-2020-0722 en date du 29 mai 2020) concernant la capture de 150 bouquetins sur l’ensemble du massif, avec euthanasie des animaux testés positifs, et prélèvement de 60 bouquetins non marqués, dans la zone cœur du massif pour la période 2020-2022.

Cet abattage indiscriminé de 60 bouquetins est inacceptable pour l’association qui estime disproportionnée la mesure proposée par le Préfet.

Le risque de transmission entre les bouquetins et les ovins d’élevage demeure extrêmement « faible » selon les experts de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) [1].

Le niveau d’infection des animaux est devenu très faible. Pour preuve, en juin 2020, sur les 21 captures effectuées suite à l’arrêté préfectoral susmentionné, aucun bouquetin n’a été testé positif. Donc il est fort probable que les animaux tués seront sains.

Depuis 2012, aucune victime humaine n’est à déplorer [2].

Des solutions plus efficaces ont été identifiées pour améliorer la lutte contre la maladie tout en évitant le recours à des abattages sans vérification préalable. Elles consistent à la mise en place d’une ségrégation spatiale des animaux consistant en la séparation des cheptels domestiques avec les quartiers saisonniers du bouquetin en évitant les zones de pâturage communes.

Ce dispositif consiste en l’établissement de parcs et d’une surveillance des troupeaux de moutons et de chèvres (par des bergers ou leurs chiens) lorsqu’ils s’aventurent dans les hauteurs où se situe l’habitat naturel des bouquetins.

Va-t-on abattre tous les bouquetins, qui sont une espèce protégée classée « quasi-menacée » par l’UICN, pour parvenir à un risque 0 ? Ou peut-on aménager un partage de l’espace acceptable pour parvenir au même résultat ? La préservation de la biodiversité ne vaut-elle pas un petit effort ?

Le Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN), composé d’experts indépendants, a émis un avis défavorable concernant l’abattage de 60 bouquetins non testés pour la période de 3 ans [3],  avec 0 voix pour, 21 voix contre et 2 abstentions. Le CNPN a notamment pointé, dans son avis, que l’étude de solutions alternatives, condition légale à la délivrance d’une dérogation, n’avait pas été préalablement menée par la Préfecture de Haute-Savoie.

Le Préfet a ignoré la consultation publique qui s’est prononcée à 87% contre cet arrêté.

 

Contact : Animal Cross Benoît Thomé Président contact@animal-cross.org

[1] Avis de l’ANSES relatif aux mesures à prendre sur les bouquetins pour lutter contre la brucellose sur le massif de Bargy », saisine n°2013-SA-0129, 4 septembre 2103.

[2] Pour les 2 victimes de 2012,  le lien entre brucellose de bouquetins et le décès n’a jamais pas pu être établi avec certitude par l’ONCFS ou l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES).

[3] http://www.avis-biodiversite.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/2020-05_avis_cnpn_derogation_bouquetin_bargy_du_30_janvier_2020.pdf