Le préfet de la Dordogne fait paraître des projets d’arrêtés fixant les quotas, modalités et les dates d’ouverture et clôture de la chasse pour la saison 2021-2022 dans le département de la Dordogne. C’st moment de dire que vous n’êtes pas d’accord !
Voici le lien pour avoir accès aux arrêtés
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Argumentaire proposé ci-dessous, en n’oubliant pas de ne pas faire de copier-coller car vos réponses ne seraient pas prises en compte :
Monsieur le Préfet,
Je m’oppose fermement aux projets d’arrêtés fixant les quotas, modalités et les dates d’ouverture et clôture de la chasse pour la saison 2021-2022 dans le département de la Dordogne pour les raisons suivantes :
-Le mouflon d‘Arménie (Ovis gmelinii) est encore soumis à un plan de chasse alors même qu’il est classé comme vulnérable sur la liste rouge nationale de l’UICN. De même, la perdrix rouge et le faisan vénéré qui sont classés respectivement quasi menacée et vulnérable sur la liste rouge mondiale de l’UICN peuvent également être chassés. Quel autre lobby en France peut ainsi se targuer d’avoir un pouvoir si important qu’il peut mettre en péril des espèces sauvages déjà menacées au profit d’une minorité ?
-Les arrêtés précisent que les quotas ont été définis après avis de la Commission Départementale de la Chasse et de la Faune Sauvage (CDCFS) en date du 13 avril 2021. Or, comment imaginer que les quotas aient été pris en s’appuyant sur un avis objectif et argumenté de la Commission quand on sait que les CDCFS sont composées d’une majorité de chasseurs et que les voix des représentants des associations de protection de la nature peinent à se faire entendre ?
-Pour certaines espèces, l’article R424-1 du code de l’environnement qui permet de limiter le nombre de jours de chasse est appliqué. Lorsque seuls certains jours de la semaine sont autorisés pour chasser individuellement ou via des battues, les jours sélectionnés sont les mercredis, samedis, dimanches et jours fériés, à savoir les jours où les promeneurs ou autres usagers de la nature sont les plus nombreux ce qui peut favoriser les accidents. Ces décisions sont pour le moins surprenantes et incohérentes alors que l’on sait combien le président de la FNC est attaché à améliorer la sécurité lors des chasses, comme répété lors de chacun de ses discours.
-L’arrêté relatif à l’ouverture et à la clôture de la chasse autorise des périodes de chasse anticipée pour le chevreuil, le daim et le sanglier qui démarrent le 1er juin.
Tout d’abord, il n’existe pas de liste dans le département des zones de point noirs des dégâts des cervidés. La Dordogne n’a donc pas satisfait à l’article R 426-8 du code de l’environnement qui impose de faire la liste de toutes les zones de dégâts significatifs dus aux grands gibiers. Ou alors faut-il en déduire qu’il n’y a pas d’endroits dans le département où les cervidés causent des dégâts significatifs et dans ce cas les périodes de chasse anticipées ne sont pas justifiées.
D’ailleurs, les dégâts causés par les chevreuils et cervidés sont inférieurs à 20 k€ sur 2019 et 2020, selon les documents envoyés par la DDT du département et la Dordogne fait partie de la liste des départements qui ne comptent que 15% des dégâts indemnisés au niveau national, selon le rapport parlementaire dit rapport Perea. Enfin, le schéma départemental de gestion cynégétique de la Dordogne 2018-2024 fait référence aux dégâts des chevreuils mais ne donne aucune information sur leur niveau. On peut donc se demander sur quels éléments factuels se sont basées les prises de décision conduisant aux périodes complémentaires de chasse de ces espèces.
-Les ouvertures anticipées de la chasse autorisées dans cet arrêté qui permettent de chasser durant toute la période estivale empêchent à la faune sauvage d’avoir une période de repos. De plus, la chasse d’été en pleine périodes de vacances scolaires est en faveur de conflits d’usage et de plus d’accidents alors même que les chasseurs s’octroient déjà la nature durant au minimum 6 mois de l’année.
-La vénerie sous terre du blaireau est encore autorisée alors que l’on sait pertinemment qu’il existe de multiples arguments en faveur d’une abolition de cette pratique cruelle d’une autre époque. Entre autres, la vénerie sous terre a un impact sur d’autres espèces puisque la destruction même partielle des terriers au cours de cette pratique peut impacter les autres espèces qui utilisent les terriers des blaireaux, dont certaines sont réglementairement protégées par arrêté ministériel et directive européenne, comme le Chat forestier (Felis silvestris) ou des chiroptères lorsque certaines espèces sont en phase d’hibernation pendant la période de septembre/octobre à fin avril : «Le Petit rhinolophe hiberne dans des gîtes souterrains (mines, caves, sous-sols ou même terriers de Renard ou de Blaireau)» source Atlas des Mammifères de Bretagne éd. 2015. De plus, la vénerie sous terre est autorisé alors même que l’on sait qu’elle peut avoir un effet contre-productif sur la gestion des foyers de tuberculose bovine identifiés en raison du risque de contamination pour les équipages de chiens, pouvant ensuite être un relais de contamination pour l’Homme (Rapport ANSES 2019). En 2020, la Dordogne restait le 2e département le plus touché de France. Le lobby des veneurs est-il si important pour que la vénerie sous terre soit autorisée au sein de ce département en dépit des risques sanitaires encourus ?
-Pour la perdrix, entre le 29 novembre 2021 et le 28 février 2022, seuls les oiseaux lâchés munis d’un signe distinctif conforme à l’arrêté du 8 janvier 2014 pourront être chassés. La distinction entre oiseaux d’élevage ou sauvage est-elle vraiment possible ? De plus, dans un contexte de risque de grippe aviaire élevé, on continue donc à prendre le risque de lâcher des oiseaux d’élevage qui peuvent engendrer des contaminations faune d’élevage=>faune sauvage. Nous pouvons aussi mentionner les problématiques de pollution génétique engendrée par ces lâchers. Les chasseurs n’ont-ils pas assez à faire avec la régulation des sangliers hors de contrôle selon leurs dires pour avoir besoin de réintroduire des oiseaux d’élevage dans la nature afin d’assouvir leur plaisir de tuer ? Les lâchers de « gibier d’eau » mériteraient d’être abolis pour éviter les situations ubuesques rencontrées l’an dernier lorsque des dérogations pour chasser plus longtemps les oiseaux d’élevage ont été délivrées par arrêtés préfectoraux car « les stocks » d’oiseaux d’élevage n’avaient pu être écoulés à cause des limitations liées au contexte de grippe aviaire…N’apprendrons-nous donc jamais de nos erreurs ?