Les chasseurs s’enorgueillissent de réguler la faune. Mais parmi les 45 millions d’animaux chassés par an, une minorité trouve sa justification dans cette régulation.

Un tableau de chasse de 45 millions de morts par an

91 espèces chassables : le record européen !
40 millions d’animaux tués chaque année en France par les chasseurs
+ environ 5 millions blessés et non retrouvés

En comparaison : un simple weekend de chasse = environ 300 000
oiseaux tués, soit autant que la marée noire de l’Erika.

Le tiers des espèces d’oiseaux chassées sont en mauvais état de
conservation (45% selon le Rapport Lefeuvre, 27% selon la Liste Rouge UICN)

L’idée de régulation de la faune ne s’applique qu’à quelques cas. Dans les autres cas, il faut parler d’une destruction de la faune

L’idée de régulation de la faune par les chasseurs est bien ancrée puisqu’elle est inscrite dans le Code de l’environnement. Selon l’article L.420-1 de ce code portant sur la gestion durable du patrimoine faunique et de ses habitats: « la pratique de la chasse, activité à caractère environnemental, culturel, social et économique, participe à cette gestion et contribue à l’équilibre entre le gibier, les milieux et les activités humaines en assurant un véritable équilibre agro-sylvo-cynégétique »

Le « petit gibier », essentiellement issu des animaux introduits par les chasseurs

Selon les estimations, environ 46% du petit gibier tué (hors animaux dit nuisibles) fait suite à une réintroduction, c’est-à-dire qu’il a été élevé puis lâché dans la nature. Ces lâchers sont le plus souvent des échecs (estimation de 30% de réussite) car les animaux ne sont pas habitués à la vie sauvage. Qui plus est, ils créent des problèmes sanitaires en introduisant des maladies. Par exemple entre 1984 et 1998, date du précédent recensement, le nombre de cailles des blés a chuté quasiment de moitié pour atteindre 340 000 par an. L’explication donnée par l’ONCFS est le déclin des effectifs nicheurs lié à l’intensification de l’agriculture et à la pollution génétique engendrée par des lâchers d’élevage incontrôlés.
Dans ces cas, on ne comprend pas où se situe « la gestion durable du patrimoine faunique » (voir ci-dessus).

Les grands animaux (cerfs, renards…) possèdent un processus de régulation.

En cas de surpopulation, le taux de naissances diminue.
Actuellement, leur nombre a tendance a augmenter. Le nombre de cerfs abattus est passé de 10 000 à 57 000, de chevreuils de 100 000 à 551 000, de sangliers de 90 000 à 585 000 sur ces 20 dernières années (source ONCFS).
Parmi ces animaux, les dégâts causés à l’agriculture sont dues presque intégralement aux sangliers et aux cervidés.
Le cas des animaux dit nuisibles est à part et mérite une attention spécifique. Les petits rongeurs, comme les ragondins, présentent un risque de prolifération. Mais leurs prédateurs naturels peuvent empêcher ou diminuer les surpopulations.

Limiter le droit de chasse au cas où il existe un surpeuplement et préférer les méthodes alternatives

Animal Cross milite pour limiter le droit de chasse au cas où il existe un surpeuplement des animaux, et ce dans des conditions très strictes :
• après que toutes les autres méthodes aient été tentées,
• si le surpeuplement pose en problème avéré pour les hommes (ex. sécurité des routes, transmission de maladie ou zoonose), les animaux eux-mêmes (comportements anormaux) ou la végétation (ex : dégâts sur les récoltes, dégâts aux forêts).

Parmi les méthodes « douces » alternatives à la chasse on compte, par exemple,
• la capture d’animaux dans les zones en surnombre (par exemple les parcs clos dont beaucoup sous l’autorité de l’Office National des Forêts) et la réintroduction dans les zones en sous-nombre,
• le développement des prédateurs naturels (les belettes pour les petits rongeurs),
• la stérilisation des femelles des grands animaux et des œufs (déjà faits par exemple pour les goélands).

Une vigilance et une dextérité qui doivent être contrôlées

La mise en place du permis de chasse en 1976 puis l’ajout d’une épreuve pratique à la partie théorique en 2000 ont permis d’améliorer la validation des aptitudes des chasseurs au moment du passage du permis.
Hors, cette aptitude n’est pas forcément constante dans le temps. Le nombre d’accidents de chasse, même s’il est minime au regard du nombre de chasseurs, témoigne de cette difficulté.
Par ailleurs, chasser en état d’ébriété représente un risque pour le chasseur comme pour les autres chasseurs et les usagers de la nature. L’état d’ébriété est répréhensible pour un conducteur d’un véhicule : pourquoi ne le serait-il pas aussi pour un chasseur ?

Animal Cross demande à ce que soient validées régulièrement les aptitudes des chasseurs (vue, réflexes, prises de médicaments…) au cours de la vie du chasseur avec un contrôle des aptitudes tous les 10 ans
Animal Cross demande que la chasse en l’état d’ébriété soit considérée comme un délit. Un test d’alcoolémie systématique serait pratiqué en cas d’accident ainsi que des contrôles préventifs auprès des chasseurs.
Un pictogramme sur les boîtes de médicament provoquant des somnolences devrait aussi attirer l’attention sur les dangers pour les chasseurs.

Demander à ne pas subir la chasse sur son propre terrain

Pour être en sécurité chez vous, pour que la nature soit respectée, créez un refuge ASPAS. Vous êtes propriétaire ou locataire, disposant du droit de chasse, non-chasseur, et vous souhaitez faire reconnaitre votre droit de non chasse, vivre en sécurité chez vous et en toute tranquillité, en harmonie avec la nature.

Depuis 2003, il n’existe plus de jour sans chasse. Pendant l’ouverture de la chasse, il est fréquent que les promeneurs doivent changer de route pour s’éloigner des chasseurs.
Nous soutenons l’effort des associations de supprimer la chasse le dimanche. Le Collectif pour le dimanche sans chasse rassemble 880 organismes de sports de loisir en plein air. Il milite pour faire du dimanche le jour des promenades en famille, des ballades à cheval, des excursions en VTT (www.dimanche-sans-chasse.fr).

Plus globalement, de très nombreuses associations dont Animal Cross se sont regroupées dans le collectif du 21 septembre. Elles défendent des propositions sérieuses pour limiter le fléau de la chasse:

La gestion calamiteuse des sangliers

Comment expliquer que le nombre de sangliers tués à la chasse soit passé de 50 000 à 750 000 en 40 ans alors que le nombre de chasseurs a baissé ?

La quasi-totalité des sangliers sont en fait des hybrides des sangliers et des porcs domestiques, suite aux lâchers qui ont été faits dans les années 1970 par les chasseurs. Les populations sauvages et celles issues des lâchers se sont largement hybridés. La conséquence est une plus grande fertilité des laies.

L’agrainage intensif s’est aussi développé aussi diminuant la mortalité naturelle.

Une expérience a été menée dans plusieurs départements du Nord où l’agrainage a été supprimé pour la saison 2010/2011. La conséquence a été une diminution de 20% des dégâts aux cultures et une baisse de 30% des sangliers tués en 2 ans (voir sur ce sujet Le livre noire de la chasse, de P. Athanaze p 110 et suivantes

L’obligation morale de rechercher les animaux blessés

Nous reprenons à notre compte une phrase de l’Union Nationale pour l’Utilisation de Chien de Rouge (UNUCR :« La recherche au sang des animaux blessés est l’une des obligations morales qui s’imposent au chasseur de grand gibier. Il n’est plus admissible que des animaux blessés agonisent longuement sans que des moyens sérieux et adaptés ne soient mis en œuvre pour les retrouver. Parfois certains se rétablissent, mais au prix de quelles souffrances, et avec quelles insoutenables séquelles ? »
Pour nous cette obligation devrait s’étendre aussi à tous les autres animaux blessés par les chasseurs. Le « petit gibier », faisans, perdreau, lapins etc. est particulièrement concerné car il est tué avec des plombs qui blessent plus que les balles utilisées pour les grands animaux.
Les chasseurs qui se targuent de mettre en avant la « tradition » et le contact avec la nature pourraient ici prouver qu’ils ont une sensibilité pour les animaux.

Animal Cross demande que les chasseurs s’obligent à faire une recherche des animaux blessés pendant la chasse, tout de suite après le coup de feu. Cette obligation devrait faire partie d’un code d’honneur des chasseurs.

Un lobbying super puissant

Quoique de moins en moins nombreux, les chasseurs sont très puissamment organisés. Cette minorité de moins 2% des français dictent sa loi à la majorité.  Les groupes chasse de l’Assemblée nationale et du Sénat concentrent 250 parlementaires, qui votent à l’unisson les textes pour défendre les intérêts des chasseurs. 250 parlementaires pour 2% des français, on voit bien le déséquilibre ! Il serait temps que la majorité silencieuse, épaulée par les associations des défense des animaux et de l’environnement donnent de la voix.