Depuis quelques semaines, Animal Cross construit, en concertation avec une centaine d’autres ONG à travers l’Europe, une vaste coalition (European Alliance for Wolf Conservation / Alliance européenne pour la conservation du loup) pour empêcher le déclassement du loup gris, dont l’entrée en vigueur est prévue le 6 mars 2025.
Un précédent inquiétant…
En effet, le 3 décembre 2024, 38 membres du Comité permanent de la Convention de Berne ont voté le déclassement du loup gris, qui passe ainsi de la catégorie « strictement protégée » à la catégorie « protégée ». C’est la première fois qu’une espèce est déclassée depuis la signature de la Convention de Berne en 1979 ! Seuls cinq pays – le Royaume-Uni, Monaco, le Monténégro, la Bosnie-Herzégovine et l’Albanie – ont eu le courage de s’y opposer.
Cette décision a été prise à l’encontre de l’avis de la communauté scientifique et des ONG de protection de la nature, en totale méconnaissance du rôle écologique de l’espèce… Car le loup gris est plus qu’un symbole : il joue un rôle crucial dans la régulation et la dispersion des populations d’ongulés sauvages. Il contribue à la régénération des prairies et des forêts d’Europe, aux côtés de l’ours et du lynx, deux espèces dont la protection est également menacée.
… qui fragilise une espèce déjà vulnérable
La dégradation du statut du loup ouvre la voie à des pratiques d’abattage et de gestion néfastes pour une espèce déjà vulnérable. Et pour cause, ce déclassement pourrait aboutir à des mesures de chasse simplifiées, mais aussi à un manque de suivi des impacts de telles actions, ou encore, au transport des carcasses par les chasseurs (rendant le contrôle réglementaire plus opaque) [https://www.animal-cross.org/non-a-ce-projet-darrete-qui-conduit-a-lexecution-facilitee-de-toujours-plus-de-loups/].
Appel à la mobilisation
D’ici le 6 mars 2025, il sera trop tard : à cette date, la décision du Comité de la Convention de Berne prendra effet et le loup gris sera officiellement rétrogradé… à moins qu’un tiers des membres du Comité (17) ne s’y opposent.
C’est notre chance de réécrire l’histoire.
Pour relever ce défi, une campagne internationale de grande envergure prévoit de mobiliser des personnalités publiques, des scientifiques, des militants et des ONG.
Appel à la mobilisation : Inondons les boîtes mail et les messages privés avant le 6 mars !
Il n’est pas trop tard pour agir ! Si un tiers des membres du Comité (17 pays) s’opposent à cette décision, nous pouvons encore l’empêcher d’entrer en vigueur.
L’objectif est de faire entendre nos voix en inondant les mails des délégués de la Convention de Berne et des ministres de l’Agriculture et de l’Environnement.
Exemple de Mail :
Objet : Opposition au déclassement du loup et appel à une conservation fondée sur la science
Chers parlementaires, membres de la Convention de Berne et ministres de l’Agriculture et de l’Environnement,
Je vous écris pour vous demander de vous opposer fermement à la récente décision de rétrograder le loup gris (Canis lupus) dans la Convention de Berne. Il est crucial que vous défendiez des politiques de conservation basées sur la science et non sur des considérations politiques.
Le 3 décembre 2024, le Comité permanent de la Convention de Berne a voté en faveur du déclassement du loup, le faisant passer de « strictement protégé » à « protégé », sur proposition de l’Union européenne.
Cette décision est extrêmement préoccupante, car elle :
- N’a aucune base scientifique solide, comme l’ont confirmé de nombreux experts et la Large Carnivore Initiative for Europe (LCIE).
- S’appuie sur un rapport non évalué par des pairs, commandé par la Commission européenne, au lieu de s’appuyer sur des recherches indépendantes et rigoureuses.
- Menace l’ensemble des efforts de conservation menés depuis des décennies, et pourrait créer un précédent pour le déclassement d’autres espèces à l’avenir.
- Contrevient aux principes démocratiques, l’UE ayant accéléré le processus de décision, limitant les objections et empêchant certains États membres d’exprimer leur opposition.
Il n’est pas trop tard pour empêcher cette régression. Si au moins 17 pays contractants s’y opposent avant le 2 mars 2025, cette décision ne prendra pas effet.
Je vous demande donc de :
- Soumettre officiellement une objection au Secrétariat de la Convention de Berne avant le 2 mars 2025.
- Soutenir une réforme du processus décisionnel afin que toute proposition soit examinée par des experts scientifiques indépendants avant d’être soumise au vote.
- Garantir la transparence et la gouvernance démocratique en empêchant qu’une entité politique, y compris l’UE, ne puisse imposer ses décisions au détriment des objections des autres membres.
La Convention de Berne a été fondée sur des principes de responsabilité environnementale partagée et de protection des espèces sur la base de la science. En affaiblissant la protection du loup, elle trahit ses propres engagements et ouvre la porte à des dérives dangereuses.
Les loups jouent un rôle clé dans nos écosystèmes : ils régulent naturellement les populations d’herbivores, permettant ainsi la régénération des forêts et prairies. Leur rétablissement reste fragile et dépend d’une protection stricte.
Permettre un déclassement dicté par des considérations politiques, contre l’avis des scientifiques, met en péril non seulement le loup, mais aussi l’intégrité des engagements environnementaux internationaux.
Je vous demande donc d’agir dès maintenant pour garantir que la science, et non la politique, guide les décisions en matière de conservation de la faune sauvage en Europe.
Dans l’attente de votre engagement,
Sincèrement,
[Votre Nom]
A envoyer à :
charles-henri.de-barsac@developpement-durable.gouv.fr
philippe.gustin@agriculture.gouv.fr
vincent.goetz@agriculture.gouv.fr
gaetan.santos@agriculture.gouv.fr
anne.girel-zajdenweber@agriculture.gouv.fr
gregoire.halliez@agriculture.gouv.fr
aurelie.vieillefosse@ecologie.gouv.fr