Le 25 septembre dernier, le Conseil de l’Union Européenne a validé une proposition visant à réduire le statut de protection du loup passant de « strictement protégé » (annexe 4 de la Directive Habitats) à seulement « protégé » (annexe 2 de la Directive Habitats). Cette décision n’a rien de scientifique, mais est purement politique. En ignorant l’appel de plus de 300 organisations et de centaines de milliers de citoyens, les États membres ont choisi de céder face à la pression de certains lobbies au détriment de la biodiversité et de notre sécurité.

Le statut actuel du loup :

Le loup est actuellement classé espèce strictement protégée selon la Directive Habitats de 1992 qui reprend les dispositions de Berne de 1979. Concrètement les destructions du loup ne sont possibles que dans des conditions strictes : les possibilités de dérogations doivent être justifiées par l’absence d’alternatives satisfaisantes, ne pas nuire à la survie de l’espèce et répondre à l’un des 5 objectifs mentionnés (protection de la faune et de la flore sauvages et conservation des habitats naturels, prévention des dommages importants aux cultures, à l’élevage…, santé et sécurité publiques, recherche et éducation, détention d’un nombre limité de certains spécimens desdites espèces)

Les conséquences pour la protection du loup :

La protection des loups serait probablement focalisée sur ses habitats via la création de zones spéciales de conservation (ZSC) au sein du réseau Natura 2000. Des ZSC pourraient être créées dans les régions où le loup est présent (Alpes, Cévennes etc) pour protéger ses habitats critiques (zones de reproduction et d’alimentation). Dans ces zones, les conditions de dérogations prévues par la Directive Habitats et le Code de l’environnement continueraient de s’appliquer. Mais en dehors de ces zones, les possibilités de destruction seraient assouplies. Les tirs de loups ne seraient probablement plus limités aux cas d’attaques de troupeaux protégés, qui connaissent déjà des exceptions puisque des tirs sont décrétés sans préalable de prédation.

Les étapes à venir :

La décision du Conseil de l’UE sera soumise au vote lors du Comité permanent de la Convention de Berne en décembre 2024. Si deux tiers des États contractants votent en faveur du déclassement, l’UE et les États membres pourront appliquer ce changement. La France suivra, bien entendu, et ajustera sa législation. Mais il reste une lueur d’espoir : la Suisse, à plusieurs reprises, a vu ses demandes similaires refusées en 2006, 2012 et 2022. Nous espérons que ce même scénario se répètera cette fois encore.

Un coup dur pour l’espèce, la biodiversité et notre sécurité :

Les conséquences d’une telle décision seront désastreuses :

  • Une catastrophe pour l’espèce : faciliter les tirs de loup, c’est ouvrir la voie à une véritable régulation de l’espèce (toujours dans un état de conservation défavorable selon UICN) et mettre en péril la population de loup, qui a déjà commencé à décliner sur notre territoire.  
  • Un équilibre écologique en péril : Le loup est un régulateur naturel indispensable. Sa présence maintient sous contrôle les populations de cerfs et de sangliers, évitant la prolifération d’ongulés qui sont source de dommages aux forêts et aux cultures En affaiblissant le loup, c’est toute la biodiversité qui vacille.

Pourquoi devons-nous réagir immédiatement ?

L’affaiblissement du statut de protection du loup serait une erreur historique, un retour en arrière injustifiable. Il ne s’agirait pas simplement d’une question de faune sauvage, mais d’une menace directe pour la biodiversité, l’équilibre écologique et la sécurité de nos campagnes. L’Europe a investi des moyens considérables pour encourager la coexistence entre les loups et les éleveurs, avec des solutions non létales et des méthodes de protection efficaces. Les ignorer maintenant serait trahir ces progrès et anéantir des décennies de conservation, d’autant plus que l’effet des tirs sur le niveau de déprédation n’a jamais été démontré.

Nous devons agir avant qu’il ne soit trop tard. Les conséquences ne se limiteront pas au loup : si ce déclassement passe, cela créera un dangereux précédent pour d’autres espèces protégées. Animal Cross est active sur ce dossier depuis 15 ans par sa présence engagée en Comité départemental loup.

Restons unis et déterminés. Ensemble, nous avons le pouvoir de stopper cette machine destructrice et de protéger notre précieuse faune sauvage.