La chasse, un « loisir » qui met en danger la vie d’autrui
« Un grave accident s’est produit ce dimanche 16 septembre, en fin d’après-midi, à Limoges, dans la Vienne. Un chasseur a tiré sur un Faisan depuis son domicile et a touché au thorax une fillette de 10 ans qui pique-niquait avec ses parents sur les bords de la Vienne. » Limoges, Le Populaire du Centre, le 18/09/2018.
« Un chasseur de 50 ans est décédé ce jeudi soir à la suite d’un tir de chevrotine lors d’une chasse. L’accident s’est produit à Blanquefort, au lieu-dit Florimond. Quatre chasseurs se trouvaient dans un champ de maïs pour une chasse à l’affût. Un homme posté sur un mirador a tiré sur l’un de ses collègues en pensant que c’était un Sanglier. » Blanquefort en Gironde, Sud-Ouest, le 17/09/2018.
« Un adolescent de 13 ans qui accompagnait un groupe de chasseurs est mort dimanche 18 à Triaize, près de Luçon, après avoir reçu un coup de fusil en pleine tête. Coup de fusil qui provenait de son grand-père. Le jeune garçon était en train de ramasser le cadavre d’un animal lorsque le tir est parti. » Luçon (Vendée). France soir, le 18/09/2017.
Au total, l’ONCFS répertorie une vingtaine de morts et 140 accidents de chasse par an sur les humains¹.
Depuis 2009, plus de 1 255 accidents de chasse sont comptabilisés. La chasse est un loisir qui tue régulièrement des personnes totalement étrangères à cette activité !
Toutefois, l’ONCFS et les chasseurs font remarquer que le nombre d’accidents est en baisse depuis quelques années, preuve d’une plus grande responsabilisation des chasseurs. Lors de la saison 1997-1998, l’ONCFS avait recensé 223 accidents, dont 44 mortels.
La baisse serait-elle donc sensible ? Comment compte-t-on les accidents, les morts et les blessés ?
Les animaux domestiques victimes d’un tir ou blessés à la chasse non répertoriés
L’ONCFS ne dispose d’aucune statistique sur les animaux domestiques victimes d’une « balle perdue » ou d’une « erreur de tir ». Les journaux abondent pourtant d’exemples dans ce sens, montrant à l’évidence que les tirs des chasseurs ne sont pas « maîtrisés ».
« Dimanche dans le Loir-et-Cher, à Chouzy-sur-Cisse, un labrador qui se trouvait dans la cour de ses maîtres a été atteint par une balle de chasseur », rapporte La Nouvelle République. « Le chien est mort. Le chasseur a indiqué aux gendarmes qu’il avait tiré sur un Sanglier, mais que sa balle aurait été déviée par une pierre. Il se serait trouvé à 300 m du domicile de la cour de la maison où était le labrador ». Le Parisien, le 08/01/2019.
« Dimanche 30 septembre 2018, à Cahagnes (Calvados), au nord de Vire, une ponette a reçu une balle. Grièvement blessée, elle a été euthanasiée. Son propriétaire a porté plainte. » La Manche libre, le 2/10/2018.
« Une vache a été abattue dans un parc par des chasseurs qui visaient une troupe de Sangliers. Les vaches se trouvaient à une centaine de mètres des Sangliers. L’accident a eu lieu lors d’une battue mercredi en fin de matinée à Gruey-lès-Surance (Vosges)… Le président Gérard Mathieu assure que « la balle a ricoché. Ce n’est pas rare. » Vosges Matin, le 3/11/2017.
« Hautes-Pyrénées : lors d’une battue, alors qu’il visait un Renard, il tue une vache. » Sud-Ouest, le 2/03/2017.
Les chiens de chasse blessés ou tués à la chasse ne sont pas non plus inclus dans les statistiques de l’ONCFS. Or, ils sont très nombreux, blessés par les ronces, fourrés, taillis, ou bien par les animaux chassés et traqués, qui se défendent.
Entre suicides et homicides, les armes de chasse causent de 900 à 1 600 morts par an
Nous avons analysé les chiffres des décès causés par les « fusils, carabines et armes de plus grande taille », issus des données officielles du CépiDc ², recensant les causes de décès en France.
Les statistiques distinguent les décès causés par :
– les armes de poing,
– les fusils, carabines et armes de plus grande taille,
– les armes à feu, autres et sans précision. Cette dernière cause est de loin la plus fréquente³.
Il ressort que les fusils, carabines et armes de plus grande taille sont impliqués, chaque année :
– dans les homicides, avec 64 à 119 morts par an,
– dans les suicides, avec 648 à 1 166 morts par an,
– dans les morts avec intention indéterminée, avec 147 à 273 morts par an,
– dans les accidents de chasse, avec 20 à 31 morts par an, ce qui est cohérent avec les données de l’ONCFS.
Au total, les armes de chasse causent entre 900 et 1 600 morts par an, dont les trois-quarts sont des suicides et un quart des homicides.
Autres blessés et morts non comptabilisés : les animaux domestiques tués par arme de chasse, hors d’une action de chasse.
Ces cas sont fréquents, sans doute plusieurs centaines par an. Quiconque habite dans les campagnes sait qu’il existe des chasseurs, déviants certainement, mais bien réels, qui n’hésitent pas à régler les conflits de voisinage avec leur arme de chasse.
« Trois vaches abattues à coups de fusil à Entraigues, dans le Vaucluse. Les vaches étaient dans un pré, tuées sans doute par deux tireurs. » France bleuVaucluse, 8/01/2018.
Bouches-du-Rhône : « Un chasseur abat un chien de deux balles et prend la fuite. Le chien, du nom de Bounty, un beauceron, se promenait. Le chasseur a pris la fuite en lâchant que Bounty n’avait qu’à être attaché, et qu’il aurait pu attaquer ses propres chiens. » La Provence, le 11/10/2018.
Notre demande
Etablir des statistiques complètes incluant blessés et décès, chez les êtres humains et chez les animaux domestiques, que ce soit au cours d’une action de chasse ou hors d’une action de chasse.
Garder toutes les armes de chasse dans des lieux centralisés et sécurisés (ex : ACCA, gendarmerie, mairie, armureries) et non au domicile des chasseurs.
La conservation dans un lieu central préserverait des centaines de vie, humaines et animales, chaque année en France.