Mesurant jusqu’à 1 mètre de haut et 1,75 m d’envergure, pesant jusqu’à 6 kg, la Bernache du Canada fait partie des plus gros anatidés présents en Europe, dépassée seulement par les cygnes. Elle est herbivore.
Originaire d’Amérique du Nord, introduite en Angleterre dès le 17e siècle comme oiseau d’ornement, puis à des fins cynégétiques au 20e siècle, les premiers individus ont été observés dans la nature en France entre 1960 et 1970.
Les effectifs de Bernaches du Canada ont montré une croissance quasiment exponentielle du début des années 90 à la fin des années 2000, qui tend à augmenter moins vite ces dernières années. De 6 000 individus en janvier 2008, la population a grimpé à 14000 individus en janvier 2016 (1)
L’homme a largement contribué à leur essor. Elles ont ainsi pu profiter du développement de céréales plantées à l’automne (au lieu du printemps auparavant), dont les jeunes pousses leur procurent une nourriture de qualité durant l’hiver. Par ailleurs, dans les parcs et jardins, elles tirent profit de la nourriture qui leur est offerte par les promeneurs et elles n’ont pas de prédateurs.
Leur population n’est pas du tout homogène à l’échelle du pays : rares dans la moitié sud, les Bernaches sont surtout présentes dans le centre du pays, en Île-de-France et dans le nord-est de la France.
Après avoir été classée en 1981 espèce protégée, la Bernache du Canada souffre aujourd’hui d’un statut particulier dont elle se passerait volontiers : elle est une espèce classée nuisible et chassable.
Sa destruction à tir est autorisée en dehors de la période d’ouverture de la chasse jusqu’au 31 mars, sur autorisation individuelle délivrée par le préfet. Toutefois, le tir dans les nids est interdit tout comme son piégeage. Il est certain que les tirs d’effarouchement préconisés et pratiqués dans les zones urbaines durant les périodes de chasse sont de nature à faciliter les prélèvements des chasseurs dans les zones périphériques, là où les bernaches s’enfuient et où ils peuvent les tirer aisément et en toute légalité.
Au-delà de la chasse à tir, il faut préciser que les autorités administratives peuvent ordonner la capture et l’euthanasie des oiseaux adultes pour en réduire leur nombre.
Au total, 4000 oies sont tuées par an (1).
Les Bernaches du Canada ne sont pas présentes sur l’ensemble du territoire français. Elles se répartissent sur une douzaine de départements où elles trouvent tout ce dont elles ont besoin, ce qui provoque évidemment des désagréments pour les humains. Ainsi, leur présence dans les parcs, jardins et bases de loisirs génère une réelle quantité de fientes souillant les berges et les zones enherbées. Elles causent également des dégâts aux cultures lorsqu’elles se nourrissent, notamment sur les roselières et sur les gazons des golfs et autres pelouses.
On les suspecte aussi de transmettre des maladies. Toutefois, une étude scientifique (3) demandée par le gouvernement canadien constate « qu’il n’existe aucune preuve directe que les fientes posent une menace à la santé humaine … qu’il y a des lacunes avec la majorité des facteurs clés de détermination des risques, et plus important encore, qu’il n’existe pratiquement aucune information sur la fréquence ou la probabilité selon laquelle des agents pathogènes sont transmis aux humains ou aux animaux par les bernaches »
Bernaches du Canada : gérer les populations plutôt que de tuer !
Rappelons-nous que ces magnifiques oies ont été introduites en Europe par les humains pour leur beauté et qu’à ce titre, nous avons un devoir envers elles.
Ainsi, des mesures préventives telles que :
- l’interdiction du nourrissage artificiel,
- les différentes techniques d’effarouchement
- la stérilisation des oeufs dans les nids,
- les aménagements spécifiques des parcs et jardins tels que décrits dans le « Manuel pour la gestion de la bernache du Canada en milieu urbain », édité par l’ONCFS (2),
- la capture, le transport et le soin à prendre des Bernaches relocalisées,
si elles étaient développées à grande échelle, pourraient fort bien en quelques années stabiliser à satisfaction de tous leur population.
Ainsi, le choix assumé d’utiliser à bon escient et avec volonté ces mesures permettrait immédiatement de renoncer aux traditions expéditives de chasse et de capture, et pourrait enfin sortir la Bernache du Canada de son statut de nuisible et chassable.
Sources:
(1) source ONCFS
(2) ONCFS (Eclairages, Manuel pour la gestion de la bernache en milieu urbain, divers rapports)
(3) Gouvernement du Canada, gestion des conflits avec la faune indésirable, août 2018 (rapport disponible en anglais sur le site du Réseau canadien sur la santé de la nature (RCSF)