L’élevage moderne : un mode de production industriel appliqué aux animaux

 

La recherche de productivité et l’accroissement de la consommation de viande depuis la fin de la deuxième guerre mondiale a conduit à un système d’élevage intensif, ou élevage industriel, bien souvent incompatible avec le bien-être animal. La ferme, lieu d’élevage traditionnel des animaux, a quasiment disparu au détriment d’une nouvelle industrie de l’élevage fondée sur la concentration extrêmement élevée d’animaux dans des espaces clos sans grand rapport avec la ferme traditionnelle, à l’exception de quelques types d’animaux encore généralement élevés de manière classique, comme les vaches et les moutons.

L’élevage intensif est basé sur :

  • la sélection des sexes et des espèces les plus productives,
  • la concentration des animaux dans des lieux clos,
  • l’étroitesse de l’espace par animal et la pauvreté de l’habitat des animaux (absence de paille, de sol à explorer),
  • la croissance des animaux accélérée pour améliorer la productivité,
  • l’insémination perpétuelle des truies et vaches pour assurer la continuité du système.

Près de 1,3 milliards d’animaux élevés et abattus chaque année en France, dont 82% en élevage intensif*

En tenant compte du cheptel et des animaux abattus, le nombre d’animaux d’élevage en France se monte à 1 274 000 par an. 96% des porcs et 84% des volailles sont élevés de façon intensive (voir annexe tableau).

Ces chiffres sont conservateurs : nous ne tenons pas compte des animaux morts pendant l’élevage, à l’exemple des 950 000 veaux qui décèdent chaque année à l’étable (estimation Oaba d’après un rapport de l’Institut de l’élevage bovin fixant à 12% la mortalité des veaux en France).

Un nouveau point d’équilibre à trouver dans la consommation

Les éleveurs cherchant le bien-être animal et produisant moins en quantité doivent pouvoir bénéficier de prix plus élevés.

De leur côté, les consommateurs doivent sans doute acheter plus cher la viande et les produits laitiers, sauf s’ils peuvent acheter directement aux producteurs, ce qu’animal cross recommande fortement. Un changement de comportement qui n’entraine pas forcément une hausse du budget alimentaire pour les ménages si ceux-ci consentent à diversifier leur alimentation en achetant davantage de légumes, qui auront à coup sûr un aspect bénéfique sur leur santé (lien sur Mieux consommer).

*Par élevage intensif nous avons inclus les animaux vivant en cage (volailles), gavés (canards, 87% gavés en cage), en stalle ou en bâtiment (porcs), sans accès à l’extérieur.

Cheptel et animaux abattus

Cheptel et animaux abattus
(en milliers)
dont en élevage intensif
(en milliers)
% en élevage intensif
Total bovins 24 148 3097 13%
Total vaches 9 614 0 0%
Total ovins 13 463 0 0%
Total caprins 2 143 0 0%
Chevaux 225 0 0%
Total porcins 40 228 38 661 96%
Volailles principales 1 184 423 997 566 84%
Total 1 274 244 1 036 227 82%
Pathologie ou amputation Source
Veaux en élevage intensif Manque de fer (viande blanche)
Corne coupée sans anesthésie
Castration sans anesthésie
Exposition à des agents pathogènes menant à des troubles respiratoires et digestifs
Est 12% de mortalité
EFSA-Q-2005-014Institut de l’élevage bovin, été 08
Vaches Augmentation des mammites cliniques (inflammation des pis) liée à l’augmentation de la productivité : environ 1/3 des vaches
Caprins Pathologies respiratoires, pneumonies
Arthrite encéphalite : problèmes aux articulations
Porcs Castration à vif
Queue coupée à vif et systématiquement
Dents coupées à vif
Boiterie des porcs
Canard mulards (gavage) Stéatose hépatique
Diarrhées, problème cardiaques
Mortalité de 2% à 4% vs. 0,2% hors gavage
Rapport du Comité scientifique de la Commission Européenne de la santé et du bien-être des animaux, 16/12/1998
Poulets Problèmes aux pates et insuffisance cardiaque à cause d’une vitesse de croissance excessive : « entre 75 et 90 % des animaux ont une démarche altérée, et entre 26 et 30 % ont une démarche sévèrement altérée »
Poulets reproducteurs mis en situation de famine
Inra, Vol 1, N°1, février 2007INRA Prod. Anim.,2004, 17 (1), 45-57, reprenant les travaux de Kestin 1992
Poule Bec épointé (fréquemment)
Mais mortalité semble plus faible qu’en système alternatif, 6% vs. 10% à 14%
Inra, Vol 1, N°1, février 2007

Le défaut de soins conduirait à 950 000 veaux morts par an

Le défaut de soins est criant dans certains élevages. D’après l’association Oaba se basant sur un rapport de l’Institut de l’élevage bovin, 950 000 veaux mourraient chaque année en France dans les élevages. Exposés à des agents pathogènes, ils souffrent de troubles respiratoires et digestifs. Quand le coût de la viande est trop bas, le vétérinaire devient trop cher pour certains éleveurs.

Chez les veaux, le sevrage intervient généralement le premier jour.

A partir de 2007, la « cage isolée » est normalement prescrite. Les veaux devaient théoriquement être élevés en groupe, toujours sans litière.

Les solutions

Le sexage

  • Des techniques eugénistes existent pour trier les spermatozoïdes selon le sexe et ne faire naître que l’individu du « bon » sexe.
  • Une autre possibilité est d’élever tous les animaux jusqu’à l’âge adulte.

Le foie gras

Il n’existe pas d’autre alternative que celle d’arrêter la production de foie gras. Même produit de manière plus artisanal (les animaux ne sont pas dans des cages), le gavage reste un acte de torture pour l’animal. En plus, n’oublions pas que ce système repose sur l’élimination à la naissance des femelles.

Les poules pondeuses

Les cages aménagées ou cages enrichies ne sont pas acceptables du point de vue du bien-être animal. Ces nouvelles cages ne vont pas résoudre les problèmes dénoncés plus haut.

Rappel sur les cages « enrichies » : à partir de 2012 tous les élevages intensifs devraient abandonner les cages actuelles pour de nouvelles cages dites enrichies. L’espace par poule augmente de 550 à 750 cm2 (les poules gagnent l’espace d’un carré de 15 cm de côté). Les cages sont plus hautes (de 35 à 45 cm sur une partie de la cage), elles disposent d’une sorte de nid/litière et d’un perchoir. Seuls les élevages permettant un accès au plein air sont acceptables.

Les codes marqués sur les œufs permettent au consommateur de se repérer : code 3 signifie élevage en cage, code 2 élevage au sol, code 1 élevage en plein air, code 0 élevage bio.

Les poulets de chair

Seuls les élevages permettant un accès au plein air sont acceptables.

Actuellement les poulets labels rouge mentionnant « poulet élevé en plein air » et « poulet fermier » et bio permettent aux consommateurs d’effectuer un choix plus conforme au bien-être animal, même si ces labels ne sont pas des gages entiers de qualité (voir partie sur « Mieux consommer »).

Les porcs

Seuls les élevages permettant un accès au plein air sont acceptables. Les élevages en bâtiment avec paille sont néanmoins déjà une amélioration.

Vu que 96% des porcs français sont élevés en cage ou en bâtiment, l’ensemble de la filière doit être repensé.

Pour l’instant seuls les porcs bio ou en bâtiment sur paille sont à conseiller pour les acheteurs.

La castration des porcs peut être évitée de différentes manières ou pratiquée avec anesthésie. Les stalles pour les truies doivent disparaître à partir de 2013.

Les veaux

Ne consommer que la viande de veau Bio ou les veaux Label rouge où le cahier des charges précise clairement que les veaux ont accès au plein air.

Concernant toutes les espèces animales

L’étiquetage devrait mentionner clairement les conditions d’élevage des animaux comme

  • Le mode d’élevage (en cage, accès à l’extérieur)
  • La date de sevrage par rapport au sevrage naturel
  • Les autres actes de maltraitance animale : castration à vif, caudectomie à vif (coupage de la queue) etc.
  • Le mode d’abattage (rituel ou non)