Hier soir, Animal Cross a distribué cette lettre dans toutes les boites aux lettres d’Arzacq et renouvellera cette distribution samedi, durant le pèle porc (Pelère en Soubestre)
Pèle-porc à Arzacq : le simulacre du retour à la tradition pour cacher l’horreur de la production industrielle
Chers habitants d’Arzacq,
En célébrant la pélère à Arzacq que fêtez-vous ? La revanche de la tradition sur la modernité ou l’hypocrisie de l’élevage industriel masqué sous le couvert de la tradition ?
En effet, l’IGP jambon de Bayonne qui fournit les cochons pour le pèle-porc n’est, ni plus ni moins, qu’un habile camouflage d’un élevage en masse, une production industrielle des porcs sans aucun respect ni de la tradition, ni du bien-être animal.
Le porc tué pour produire le jambon de Bayonne est un porc élevé en bâtiment, qui sauf de très rares exceptions, n’a jamais vu le ciel et ne le verra que le jour où le camion l’amènera à l’abattoir.
L’élevage industriel est un lieu de mal-être terrible pour les porcs :
- Ils sont entassés les uns sur les autres, avec un minimum de place pour bouger.
- Ils ne peuvent pas fouiller le sol car ils sont sur un sol en dur (caillebotis). Fouiller est le comportement naturel des porcs, l’empêcher est cause d’un profond mal-être.
- L’odeur est pestilentielle. Le porc possède un odorat extrêmement développé (ce qui a conduit la Police nationale à l’utiliser pour rechercher les stupéfiants). En bâtiment, le porc est condamné à sentir les odeurs d’ammoniaque toute sa vie. *
- Les femelles ne peuvent pas faire leur nid au moment de la mise bas, ce qui provoque un très gros stress chez elles. En plein air, elles peuvent parcourir plusieurs kilomètres pour faire leur nid.
- Les femelles sont condamnées à être des reproductrices en chaine. Elles sont inséminées très peu de jours après la mise-bas, sans pouvoir reprendre des forces, et envoyées à l’abattoir dès qu’elles sont moins productives. La gratitude envers la fonction reproductrice de la truie n’est pas le propre de l’éleveur IGP Jambon de Bayonne.
- Les porcelets sont castrés à vif, ce qui est une source d’une grande douleur.
- Depuis peu de temps, et sous la pression des mouvements de protection animale, les truies gestantes ne devraient plus vivre en prison, seules entre des grilles, appelées pudiquement des « stalles ». Encore faudrait-il que ces mesures soient appliquées : il faut savoir qu’il n’existe quasiment pas en France de contrôle des normes de bien-être animal.
En effet, rien dans le cahier des charges de l’IGP Jambon de Bayonne ne fait référence au bien-être animal (**). Ce cahier des charges fait référence avec érudition au passé charcutier du bassin des pays de l’Adour « l’héritage d’un savoir-faire qui s’est transmis depuis toujours de génération en génération dans les familles paysannes et rurales » (p. 33 du cahier des charges IGP Jambon de Bayonne).
Mais ce cahier des charges ne retient rien de l’élevage traditionnel à la ferme, élevage de quelques porcs élevés en plein air, développant une relation familière avec le fermier et sa famille (***), loin de la concentration des porcs en élevage industriel.
Donc, à Arzacq, lors du pèle-porc, non seulement vous allez vous moquer du cri du cochon avec un concours de cris hystériques, non seulement vous allez éduquer votre jeunesse avec la culture du sang, non seulement vous allez faire une macabre procession autour d’un animal mort, mais vous allez vous prosterner devant un élevage intensif abominable. La tradition va faire la louange de l’élevage moderne industriel.
Encore un mot : ne vous offusquez par de ce que les chinois font travailler des mineurs, sans repos, sans protection sociale, avec un salaire ridicule, forme d’esclavage moderne, pour produire les textiles que vous leurs achetez. Les éleveurs de l’IGP jambon de Bayonne (et si l’IGP est accepté au pays de l’empire du milieu), font bien pire avec les animaux. Les chinois exportent de la misère humaine, l’IGP Jambon de Bayonne va leur exporter de la misère animale.
Chers habitants d’Arzacq, réveillez-vous !
Sincères salutations,
Signé : L’association Animal Cross
www.animal-cross.org
* nous conseillons à tous ceux que cette remarque ferait sourire de rester quelques heures dans une porcherie. Nous faisons le pari que plusieurs jours après leurs vêtements pueront encore l’ammoniaque.
** cahier des charges IGP Jambon de Bayonne version du 15/11/95
*** Pourtant ce cahier des charges fait référence à ce passé :
« Le porc fait partie de la tradition historique des fermes agricoles du grand Sud-Ouest. On retrouve sa présence avant le moyen-âge en Guyenne et Gascogne.
Les fermes du Sud-Ouest portent encore aujourd’hui la trace de cette tradition d’élevage domestique. Il s’agit d’un bâtiment d’élevage de porcs (4 ou 5 loges, petites, basses, sombres, avec fréquemment une auge encastrée dans le mur et une seule ouverture en haut de la porte) au-dessus duquel se trouvait bien souvent une volière. P. 27
Le pèle-porc a eu lieu le samedi. Animal Cross a une nouvelle fois fait entendre son message
Film tourné par Animal Cross lors du pèle porc d’Arzacq il y a 2 ans :
https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=rKIC7vKfz8I