Le refus de mettre le sujet de l’ours à l’ordre du jour du prochain Comité de Massif montre à quel point point on ne peut lui faire confiance pour gérer ce dossier.
CAP – Ours Coordination Associative Pyrénéenne pour l’Ours
Lettre ouverte à François Maïtia,
Co-Président du Comité de massif
Monsieur le Président,
A la demande du Ministre de l’Écologie, le Comité de Massif des Pyrénées a reçu la commande, en décembre 2013, de faire des propositions sur le volet ours de la ” Stratégie pyrénéenne de valorisation de la biodiversité”.
Un groupe de travail s’est réuni quatre fois d’avril à juin 2014. Ses propositions ont été présentées au comité de suivi le 22 septembre 2014. Elles devaient être soumises, pour avis, au Comité de Massif en séance plénière, avant la fin de l’année 2014, selon la commande ministérielle.
Vous avez fait modifier ces propositions, en ajoutant un scénario non retenu par le groupe de travail et par l’expertise du Muséum National d’Histoire Naturelle de septembre 2013, à savoir la ” non intervention “, c’est à dire pas de renforcement de la population d’ours.
La principale proposition du groupe de travail, basée sur l’expertise sans appel du muséum est précisément le renforcement de femelles, en Béarn pour éviter la disparition de l’espèce à court terme dans tout l’ouest des Pyrénées, ainsi que dans les Pyrénées centrales pour lutter contre la consanguinité et une probable extinction à moyen ou long terme.
Nous apprenons aujourd’hui que vous avez choisi de ne pas mettre ce point à l’ordre du jour du prochain Comité de Massif du 10 mars 2015, pour cause d’élections départementales. Nous sommes sidérés de voir que des considérations purement politiciennes à très court terme prennent le pas sur des enjeux aussi importants que la préservation du patrimoine naturel, et mettent à mal des décennies d’efforts humains et financiers pour la sauvegarde de cette espèce.
Nous dénonçons cette nouvelle manipulation et cette attitude électoraliste qui démontre à quel point l’État ne peut pas vous faire confiance en matière de conservation de cette espèce protégée, classée prioritaire par la Commission européenne et pour laquelle la France a pris des engagements et a une obligation de résultats.
En effet, ce faisant, vous dénaturez la démarche proposée par le Ministère de l’Écologie de traiter les futures mesures de conservation de l’ours brun dans le cadre de la Stratégie Pyrénéenne de Valorisation de la Biodiversité. Par votre attitude, vous videz complètement cette stratégie de son objectif premier qui était de prouver la compatibilité entre la protection de la biodiversité et les activités économiques et sociales.
Comme cela a été le cas jusqu’à présent, la conservation de cette espèce peut contribuer à pérenniser des soutiens européens, liés à la préservation de la biodiversité, en faveur du pastoralisme.
Elle peut aussi permettre de valoriser, dans les Pyrénées, des activités économiques complémentaires de l’élevage, avec une forte image de nature, comme cela a commencé à se faire dans les Pyrénées et se fait ailleurs en Europe avec succès.
C’est d’ailleurs l’esprit de la ” Stratégie pyrénéenne de valorisation de la biodiversité “, alliant écologie et économie, que le Ministère de l’Écologie a proposé au Comité de massif Pyrénées de développer avec lui.
L’ours brun, véritable symbole des Pyrénées, a vécu dans cette région depuis des temps immémoriaux. Il fait partie du patrimoine naturel et culturel pyrénéen (carnaval, blasons, toponymie, mythes et légendes…). Votre devoir est de le protéger.
De quel droit allez-vous le condamner à disparaître rapidement dans le Béarn et à moyen terme dans le reste du massif pyrénéen ?
Que sont devenus les engagements, vis-à-vis de la protection de l’ours brun, qu’avait pris le Conseil régional d’Aquitaine (dont vous êtes vice-président), en signant la charte de l’Institution Patrimoniale du Haut-Béarn et les contrats de Charte de 1994 et 2004 ?
Qu’est devenu l’émoi que vous aviez exprimé lors de la mort de la dernière ourse béarnaise, Cannelle, quand vous déclariez ” …que la disparition de la dernière ourse pèsera sur notre génération (…) que l’image de la chasse a été atteinte. Au delà, c’est l’image des Pyrénées et de l’Aquitaine qui se trouve écornée par cet acte irréparable… ” ?
Serez-vous de ceux qui, en parfaite connaissance de cause, auront œuvré pour faire disparaître cette espèce emblématique du patrimoine pyrénéen ?
Nous vous demandons, Monsieur le Président, de vous ressaisir et de faire face aux responsabilités que vous avez sollicitées et acceptées en prenant en compte la demande du Ministère sur le volet ours de la SPVB.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre considération distinguée.
Les associations membres de CAP Ours
Altaïr Nature, Animal Cross,, Association Nature Comminges (ANC), Comité Ecologique Ariégeois (CEA), Conseil International Associatif pour la Protection des Pyrénées (CIAPP), FERUS (Groupe Loup France/ARTUS), Fonds d’Intervention Eco- Pastoral – Groupe Ours Pyrénées (FIEP), France Nature Environnement (FNE), France, Nature Environnement Hautes Pyrénées (FNE 65), France Nature Environnement Midi- Pyrénées (FNE Midi-Pyrénées), Nature Midi-Pyrénées, Pays de l’Ours-ADET (Association pour le Développement Durable des Pyrénées), Société d’Etude de Protection et d’Aménagement de la Nature dans le Sud Ouest – Pyrénées-Atlantiques (SEPANSO 64), Société nationale de protection de la Nature (SNPN), Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères (SFEPM), WWF France.