Dans son ouvrage « Article 0 », véritable plaidoyer pour le respect de la vie sauvage, Animal Cross dévoile tout l’intérêt de la libre évolution pour la nature. Explications.
L’humanité fait face à une crise écologique et climatique sans précédent. En cause : les activités humaines (exploitation forestière, agriculture intensive, chasse, pêche, pollutions…), responsables de l’artificialisation des sols, de la fragmentation et de la surexploitation des milieux naturels.
Réserver des espaces en « protection stricte », sans intervention humaine
Pour enrayer ce déclin des écosystèmes, l’association Animal Cross souligne la nécessité de réserver une partie de notre territoire aux espaces en « libre évolution » ou « protection stricte ».
Son vœu est, à cet égard, plus ambitieux que celui de la Stratégie française biodiversité 2030 qui se borne à prévoir, primo un objectif de couverture de 30% du territoire national et des espaces maritimes par un réseau cohérent d’aires protégées et, deuxio un objectif de 10% de « protection forte » de l’ensemble du territoire national et des espaces maritimes. Le hic ? Le décret n°2022-527 du 12 avril 2022 définit cette notion de « protection forte » comme une « zone géographique dans laquelle les pressions engendrées par les activités humaines susceptibles de compromettre la conservation des enjeux écologiques sont absentes, évitées, supprimées ou fortement limitées ». Or, à ce jour, ces zones de protection forte couvrent à peine 1,6 % du territoire terrestre métropolitain (cœur des parcs nationaux, arrêtés de protection du biotope, réserves naturelles, réserves biologiques)… Et il faut savoir qu’à l’intérieur de ces espaces, l’exploitation forestière, le pastoralisme, la chasse, la pêche et la cueillette restent autorisés ! De sorte, qu’in fine, seuls 0,6 % du territoire terrestre métropolitain est véritablement exempt d’activité humaine !
Une conception bien différente de celle de l’Union européenne dont la Stratégie biodiversité 2030 prévoit, non seulement une protection juridique d’au moins 30% de la superficie terrestre et 30% de la superficie marine, mais également « une protection stricte » d’au moins un tiers de zones protégées de l’Union, soit 10% des terres et 10% des mers de l’UE. Or, à la différence de la protection forte française, la protection stricte européenne implique l’absence d’activité humaine. Concrètement, dans ces zones de « non-intervention », seules sont autorisées des activités limitées et bien contrôlées qui n’interfèrent pas avec les processus naturels ou les renforcent (recherche scientifique, prévention des catastrophes naturelles, activités et installations non intrusives, activités récréatives non intrusives et strictement contrôlée). Une conception bien plus en phase avec les objectifs d’Animal Cross !
Une façon simple de protéger la faune et la flore
Cette protection stricte revêt de multiples vertus. Laisser les processus écologiques spontanés apparaître, c’est favoriser le retour d’espèces animales, végétales et fongiques, dont certaines sont liées à la maturité des écosystèmes. Ainsi, les milieux ouverts non pâturés accueillent une flore 25 fois plus riche que les pelouses pâturées.
Les forêts en libre évolution représentent, elles aussi, une réserve essentielle de biodiversité. Et pour cause, de nombreuses espèces d’oiseaux forestiers de France métropolitaine (pics, mésanges, chouettes…) dépendent des cavités présentes sur les vieux arbres ou le bois mort pour se reproduire et s’abriter. Sans oublier les innombrables mammifères qui peuplent nos forêts et dépendent des cavités et excroissances des arbres (martres, fouines, écureuils…).
Un soutien face aux aléas environnementaux et au dérèglement climatique
Les écosystèmes en libre évolution jouent un rôle précieux dans l’amélioration de la qualité de l’air, la purification de l’eau, ou encore, la réduction des risques d’incendies. En effet, les forêts anciennes ou en libre évolution stockent une quantité de carbone élevée et absorbent le rayonnement solaire, diminuant la température ambiante. En augmentant la perméabilité du sol, ces forêts captent également mieux l’eau de pluie, évitant ainsi les inondations et facilitant la purification de l’eau. Enfin, dans ces forêts humides et mélangées, à la composition complexe, les feux se propagent moins facilement. Ces espaces sont moins vulnérables aux incendies, et plus résistants aux tempêtes et au vent.
En somme, la nature n’a pas besoin de nous… Mais nous avons besoin d’elle ! Alors, ne la dérangeons-pas. Respectons-là.
Notre demande :
Développer des espaces de protection stricte, en libre évolution, pour atteindre 10% de la France métropolitaine terrestre d’ici 2030.