En ce 4 octobre, jour de la fête des animaux, Benoît Thomé, président d’Animal cross explique l’Article 0.

Léonie : Aujourd’hui, c’est la Saint François d’Assise, fête des animaux. En quoi l’Article 0, proposé par Animal Cross, illustre-t-il bien cette célébration ?

Benoît Thomé, Président d’Animal Cross : La Saint François d’Assise, le 4 octobre, est un moment où l’on célèbre la vie sous toutes ses formes. L’Article 0 va dans ce sens en affirmant une idée forte : tous les êtres vivants, qu’ils soient animaux, végétaux, minéraux ou humains, sont égaux en droits et en devoirs. Cette déclaration met en lumière l’interdépendance de la vie sur Terre, et souligne que chaque être a une valeur intrinsèque, indépendamment de son utilité pour l’homme. Saint François lui-même prêchait aux animaux, il reconnaissait leur dignité, étendait la notion de frère et sœur au soleil, au loup, à la lune, c’est-à-dire aux autres êtres vivants.

Léonie : La phrase clé de l’Article 0 est : “Tous les êtres vivants, domaines de la nature, naissent et demeurent libres et égaux en devoirs et en droits.” Que signifie cette affirmation pour Animal Cross ?

Benoît Thomé, : L’égalité ne signifie pas la similitude, mais une égale considération morale. Chaque être vivant existe pour lui-même, avec sa propre valeur, et ne doit pas être réduit à un simple outil au service de l’homme. C’est un changement de paradigme que nous proposons : passer d’une vision utilitariste, où la nature et les êtres vivants sont exploités, voire même dominés et terrassés, à une vision respectueuse où la vie est célébrée dans toutes ses formes. Cet article incarne un idéal antispéciste, où les êtres vivants, qu’ils soient animaux, végétaux ou même minéraux, méritent un respect égal.

Léonie : Concrètement qu’est-ce que cela change ?

Benoît Thomé, : Ca change tout ! Par exemple, reprenant les mots de François d’Assise, qui peut manger sa sœur et tuer son frère ? C’est inconcevable.

Léonie: beaucoup de juriste disent qu’on ne peut pas donner des droits aux autres êtres vivants car ils ne peuvent pas remplir leur devoir ?

Benoît Thomé, : Si nous regardons bien les êtres vivants des autres domaines de la nature, nous constatons qu’ils font déjà tous un « travail », c’est-à-dire qu’ils rendent tous un service aux êtres humains ou aux autres êtres vivants. Les êtres humains sont débiteurs face à eux. Les autres domaines de la nature donnent de manière désintéressée. La justice, c’est leur accorder des droits correspondant à des devoirs qu’ils effectuent déjà. J’ajoute que tous les animaux placés dans des « conditions incompatibles avec les impératifs biologiques de leur espèce », selon la formule consacrée, ne peuvent pas accomplir ces tâches. Ils en souffrent et nous en subissons les conséquences aussi.

Léonie : Cette vision de l’article 0 semble ambitieuse. Qu’est-ce qui la rend pertinente aujourd’hui ?

Benoît Thomé, : Elle est plus pertinente que jamais, car la crise écologique nous pousse à changer notre rapport aux autres êtres vivants. La réponse à la crise écologique ne viendra pas seulement de solutions techniques ou technologiques, comme le développement d’énergie bas carbone, la densification des habitats, des plans de sauvegarde des espèces en voie de disparition etc. Elle nécessite aussi un changement de valeur.

Léonie : Pourquoi ce nom « Article 0 » ?

Benoît Thomé, : Article 0 signifie un texte fondateur qui devrait être à la source de notre système juridique, à la tête de ce qu’on appelle la « pyramide des normes ».

Léonie : Quel message souhaitez-vous que les gens retiennent aujourd’hui ?

Benoît Thomé, : la dure crise écologique qui nous secoue est une chance si nous refondons notre lien aux autres êtres vivants. Le pire n’est jamais certain. Des lendemains enchanteurs nous attendent, nous et les générations qui nous suivent, si nous considérons les autres êtres vivants comme tous égaux en devoirs et en droits.