A la demande du groupe « Les Républicains » a eu lieu le 16 janvier 2024 au Sénat un débat sur le thème : « Face à la prédation du loup, comment assurer l’avenir du pastoralisme ? » (1). Ou plutôt, une série de questions/réponses des sénateurs, au nombre de seize, à Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et connu pour être un ardent défenseur de la chasse, et cela en l’absence de tout contrepoids du ministère de l’Environnement.
UN DEBAT CONTRE LE LOUP
Ce débat s’inscrit dans le cadre d’une charge récurrente (2) contre le statut d’espèce strictement protégée du loup, orchestrée par des parlementaires (et des syndicats d’élevage), et qui existe depuis plusieurs années. Cette offensive a pris un coup d’accélérateur depuis que Mme Ursula von der Leyen, après la mort de son poney semble-t-il attribuée à un loup, a décidé en septembre 2023 de lancer une demande de changement de statut de protection auprès de la Commission Européenne.
Les sénateurs présents ont déroulé les mêmes poncifs que la présidente de la Commission Européenne, à savoir que le loup est la cause des difficultés de l’élevage en France, que la pression de prédation est insupportable, tout comme la détresse des éleveurs, que l’on ne peut protéger les troupeaux d’ovins, bovins, équidés, etc …. etc … .
Nous avons souvent répondu dans ces colonnes à ces différents arguments, et rappellerons seulement qu’en dépit d’une population de loups qui a fait plus que doubler ces cinq dernières années, les dommages sont restés stables, ce qui montre que la politique de protection des troupeaux commence à montrer son efficacité.
UN SEUL BUT : EN FINIR AVEC LE LOUP
Mais le dernier Plan National d’Actions sur le loup et les activités d’élevage 2024-2029 (PNA) qui facilite encore l’accès aux tirs dérogatoires, et fait des tirs létaux l’unique réponse aux difficultés de cohabitation loup-élevage, ne suffit pas à nos parlementaires : ils veulent, sans l’exprimer ainsi bien entendu, en finir avec le loup. Seul le sénateur de l’Isère, totalement isolé, a tenté d’expliquer que les difficultés de la filière ovine avaient une autre origine, et ses arguments lui ont valu de se faire sévèrement tacler par le ministre de l’Agriculture.
Quelques extraits des interventions des Sénateurs lors du débat :
Le loup est déjà largement tiré en France (207 loups tués officiellement en 2023), sans compter le braconnage, sport national ; les quelques 2500 tirs dits de défense simultanés sur le territoire français ne suffisent pas, on s’achemine vers une exécution massive de loups, sans contrainte de protection des troupeaux, une chasse ouverte et permanente qui sera présentée comme conforme à la réglementation, et au statut visé d’ « espèce protégée ». Un comble.
Prochaines étapes de l’initiative de déclassement : Conseil Environnement (formellement Conseil des ministres de l’Environnement de l’Union européenne) qui se tiendra fin janvier 2024 (scrutin : à la majorité simple), puis vote des états membres de la Convention de Berne (scrutin : à la majorité aux deux tiers).
(1) https://videos.senat.fr/video.4293847_65a679bf2fc18.seance-publique-du-16-janvier-2024-apres-midi?timecode=11461000
(2) https://questions.assemblee-nationale.fr/q16/16-329QG.htm