En réalité, sauf trouble du comportement inquiétant, l’enfant n’est pas naturellement un adepte fervent de la chasse. En fait, il souhaite juste suivre les activités de son père pour partager avec lui des moments de nature. Et voir son père ramener fièrement la prise du jour ne fait que renforcer l’admiration
qu’il lui porte. Deux bartavelles ont bien fait la gloire du père du jeune Marcel Pagnol !
Il apprend alors les techniques de chasse et recherche l’approbation de son père en l’accompagnant à la chasse autant qu’il le peut !
Mais n’aurait-il pas le même plaisir en suivant son père à l’observation pacifique de la nature, ou en construisant des cabanes dans les arbres (et non des miradors …) ?
Sur les forums de chasseurs, certains témoignages émouvants évoquent des moments de nostalgie partagés lors de longues balades en forêt, à la recherche du gibier. Et si la réglementation n’interdit aucunement la présence de jeunes enfants à la chasse (beaucoup commencent à accompagner leur
père dès l’âge de 4 ans), les pères sont fiers de pouvoir partager leurs traditions. Quelques précautions sont partagées entre pratiquants pour le bien de leur progéniture : chasse au petit gibier pour commencer (et donc pas de battues au début), port de la tenue réglementaire, et port d’un casque
anti-bruit pour préserver les jeunes oreilles des tirs.
L’éducation à la culture de la chasse peut être assimilée à un endoctrinement, dangereux pour l’enfant.
En effet, lors d’une partie de chasse, l’exposition à des tueries ou à des images violentes peut se révéler être un véritable risque traumatique susceptible de nuire à l’épanouissement mental, moral, voire physique, de l’enfant témoin d’actes de cruauté envers un animal. Les conséquences peuvent être diverses et sont les mêmes que celles générées par la visualisation de scènes de films violentes et vis à vis desquelles le CSA a établi des règles strictes (1) afin d’être en conformité avec les articles 1er et 15 de la loi relative à la liberté de la communication. Cette loi répond aussi à l’article 17 de la Convention Internationale des droits de l’enfant (2). De telles situations augmenteraient le sentiment d’angoisse et d’insécurité, exacerberait l’agressivité et désensibiliserait à la souffrance d’autrui.
L’enfant pourrait alors lui-même devenir maltraitant envers les animaux, au même titre que l’est un enfant témoin de violences conjugales, ou s’il est lui-même victime de violences physiques ou sexuelles.
Et un enfant qui devient maltraitant envers un animal présente des risques accrus de délinquance et d’actes de violence envers ses camarades.
Fort heureusement, que ce soit par désintérêt ou par rupture volontaire avec la tradition familiale, un enfant de chasseur ne le devient pas forcément.
En conclusion, on peut dire que la cruauté enfantine manifestée envers les animaux est non seulement un indicateur précoce de futures conduites antisociales et violentes, mais qu’elle est également
un bon révélateur du degré de violence de l’environnement dans lequel l’enfant évolue.
Notre demande : Supprimer la chasse accompagnée pour tout mineur
(1) Le dispositif de la signalétique jeunesse du site du CSA
(2) Article 17 de la Convention Internationale des droits de l’enfant : « Les États parties reconnaissent l’importance de la fonction
remplie par les médias et veillent à ce que l’enfant ait accès à une information et à des matériels provenant de sources nationales et
internationales diverses, notamment ceux qui visent à promouvoir son bien-être social, spirituel et moral ainsi que sa santé physique
et mentale. A cette fin, les États parties : … favorisent l’élaboration de principes directeurs appropriés destinés à protéger l’enfant
contre l’information et les matériels qui nuisent à son bien-être, compte tenu des dispositions des articles 13 et 18. »